Le psoriasis concerne 2 à 5 % de la population ; dans 30 à 50 % des cas, il débute dans l'enfance. Néanmoins, les études thérapeutiques de qualité en pédiatrie sont peu nombreuses. Dans la grande majorité des cas, les dermatologues prescrivent des traitements hors autorisation de mise sur le marché (AMM), fondés sur leur propre expérience.
Les traitements locaux sont souvent suffisants pour contrôler une poussée psoriasique chez l'enfant. « Il est, par ailleurs, toujours utile d'y associer un émollient pour améliorer le confort cutané », affirme la Dr Alice Phan (CHU de Lyon). Les dermocorticoïdes constituent le traitement de première intention et peuvent être utilisés sur toutes les parties du corps (avec parcimonie sur le visage et les plis). « Leur principal inconvénient est l'atrophie cutanée qu'ils provoquent à long terme », précise la Dr Phan. Quant aux dérivés de la vitamine D, ils doivent être évités sur le visage et les plis. « Le calcipotriol est autorisé à partir de 6 ans pour des psoriasis dont l'étendue est inférieure à 30 % de la surface corporelle pour éviter le risque d'hypercalcémie. Par ailleurs, une combinaison des dermocorticoïdes et des dérivés de la vitamine D est intéressante. Outre son effet synergique, elle permet de diminuer la quantité de dermocorticoïdes appliquée. Le tacrolimus est, pour sa part, prescrit pour le visage et les plis », note la Dr Phan.
Traitements systémiques dans les formes sévères
Lorsque le psoriasis est sévère, le dermatologue doit entreprendre des traitements systémiques sans tarder : acitrétines en première intention, ciclosporine, méthotrexate (psoriasis rhumatismal) ou biothérapies (psoriasis sévère après échec ou s'il y a une contre-indication d'au moins deux autres thérapies). Avant de prescrire ces traitements, le praticien doit avoir à l'esprit que l'enfant n'est pas un adulte en modèle réduit. « Le traitement de l'enfant est plus simple (peu ou pas de comorbidités, excellente tolérance), mais il ne faut pas, pour autant, lui imposer des toxicités qu'un adulte ne tolérerait pas (chéilites fissuraires, problèmes digestifs…). Par ailleurs, la notion de temps (délai d'efficacité d'un traitement) n'est pas la même chez l'enfant que chez l'adulte. Enfin, beaucoup de dermatologues débutent le traitement systémique avec de faibles doses. Pour ma part, je prends le risque de débuter avec de fortes doses : car même si la tolérance initiale est moins bonne, l'efficacité est plus rapide », conclut le Dr Emmanuel Mahé, (hôpital Victor Dupouy, Argenteuil).
D'après les communications des Drs Alice Phan (CHU de Lyon) et Emmanuel Mahé, (hôpital Victor Dupouy, Argentueil).
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