Le microbiote intestinal peut être influencé par divers facteurs environnementaux, comme le tabac. Des études ont montré qu’il se modifiait à l’arrêt du tabac. Les firmicutes (dont certaines clostridies) et les actinobactéries (comme les bifidobactéries) augmentent, tandis que les Bacteroidetes et les protéobactéries diminuent. On observe aussi une augmentation de la diversité bactérienne du microbiote. « Ces modifications après arrêt du tabac sont assez similaires à celles observées chez les obèses, suggérant leur implication dans la prise de poids, souligne la Dr Carole Clair (Lausanne). On sait que les fumeurs ont généralement un poids plus bas, ce qui pourrait s’expliquer par un métabolisme accéléré dont le microbiote serait, au moins en partie, responsable. Inversement, à l’arrêt du tabac, la flore intestinale est dite obésogène, avec prédominance de bactéries favorisant l’absorption calorique. » Il est probable que ce microbiote obésogène persiste au moins dans le mois suivant l’arrêt, mais on ne sait pas ce qu’il en est à long terme.
On pourrait imaginer influencer cette flore intestinale, comme cela a été fait pour des pathologies digestives, avec par exemple la transplantation fécale, l’absorption de probiotiques, ou en modifiant les effets du microbiote via des protéines ou des métabolites fabriqués par les bactéries intestinales. On en est loin actuellement, car le retard est grand en tabacologie. « Nous devons d’abord récolter des données sur les changements de la flore intestinale, et comprendre comment le microbiote influence les métabolismes, admet la spécialiste. Il n’est qu’un facteur parmi d’autres de la prise de poids, mais, celle-ci constituant un des facteurs majeurs de rechute du tabagisme, toute possibilité d’action est à prendre en considération. »
Le microbiote est aussi impliqué dans le diabète et certaines maladies inflammatoires neurologiques, ce qui pourrait constituer un facteur aggravant pour les complications de ces maladies liées au tabagisme. Il pourrait jouer un rôle dans l’association observée entre tabac et MICI.
Entretien avec la Dr Carole Clair, centre de recherche et développement de la Policlinique médicale universitaire (Lausanne, Suisse)
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