Traitements efficaces des rhumatismes inflammatoires chroniques, les biothérapies peuvent cependant entraîner un certain nombre de complications spécifiques (infection). Les patients doivent posséder des compétences en matière de soins auto-administrés afin de bien se prendre en charge devant des situations à risque (fièvre, chirurgie…), ce qui justifie la mise en place d’une éducation thérapeutique (ETP) par une infirmière lors de la prescription initiale hospitalière.
« Jusqu’à présent, cette éducation thérapeutique n’avait jamais été évaluée, par une étude randomisée contrôlée. Il y avait eu quelques études rétrospectives et de cohorte…, explique la Dr Catherine Beauvais (Hôpital Saint-Antoine, Paris). Nous avons pu réaliser une telle étude grâce à une Bourse de la Fondation de France Rhumatisme et de la Section ETP de la Société Française de Rhumatologie ».
Plus de 120 patients
Entre janvier 2017 et avril 2018, 128 patients (âge moyen 47 ± 12,8 ans) de neuf services de rhumatologie ont été inclus : 30,7 % atteints de polyarthrite rhumatoïde, 56,7 % de spondyloarthrite axiale et 12,6 % de spondyloarthrite périphérique, éligibles à l’introduction d’une biothérapie en sous-cutané. 123 (96 %) ont fini l’étude « Un pourcentage important grâce au travail des infirmières ».
Les patients ont été randomisés en deux groupes : un groupe soins courants (information par le médecin) au moment de l’introduction d’une première biothérapie et un groupe interventionnel avec une ETP individuelle par une infirmière à M0 et à 3 mois (M3) comportant : une prise en compte des croyances en matière de santé et des besoins éducatifs des patients, une éducation centrée sur les compétences de sécurité et les auto-injections. « Les deux groupes étaient suivis en parallèle, et l’étude était organisée pour qu’il n’y ait d’interférences entre les deux groupes. À la fin de l’étude, les patients du groupe « soins courant » pouvaient aussi bénéficier de l’éducation par l’infirmière ».
Le critère principal était l’acquisition de compétences de sécurité à 6 mois mesurées par le questionnaire Biosecure (échelle 0-100) (1). « Il s’agit d’un questionnaire validé de 55 items évaluant les compétences en cas de fièvre, infections, vaccinations, chirurgie et autres situations de la vie quotidienne. C’est un outil simple et pratique (questions à choix multiple, cas cliniques…) », précise la Dr Catherine Beauvais. Les critères secondaires étaient l’activité de la maladie (DAS 28, BASDAI, ASDAS), le nombre d’infections sévères durant les 6 mois de l’étude, le faire face à la maladie (échelle numérique analogique ENA 0-10), la qualité de vie (SF12), le bien-être psychologique (ENA 0-10),…
Deux séances suffisent
« On notera que la durée de l’intervention éducative par l’infirmière était en moyenne de 65 minutes à M0 et de 45 minutes à M3 ce qui n’est pas trop lourd et est adapté à l’activité de l’hôpital de jour ».
Les résultats montrent que le critère principal a été atteint. Le score Biosecure à 6 mois était de 81,2 ±13,1 dans le groupe interventionnel versus 75,6 ±13 dans le groupe soins courants (p = 0,016), montrant de meilleures compétences dans le groupe interventionnel principalement dans la gestion des infections et de la chirurgie. Le faire face à la maladie a évolué plus favorablement dans le groupe interventionnel : diminution du score en ENA de 4,7 à 2,9 dans le groupe interventionnel versus de 4,3 à 3,6 dans le groupe soins courants. Les autres critères secondaires se sont améliorés à 6 mois dans les 2 groupes, sans différence significative. Une infection sévère a été déclarée dans le groupe soins courants et aucune dans le groupe interventionnel. « Cette étude montre bien que le patient est mieux armé pour faire face aux risques des biothérapies grâce à l’éducation thérapeutique » conclut la Dr Catherine Beauvais.
(1) Gossec et al. Joint Bone Spine 2013 ;80 :471-6
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