Diverses études menées en Amérique du Nord et en Europe ont montré une augmentation du nombre de fractures (incidence) mais une diminution de leur taux d’incidence. En France, on dénombre 55 000 fractures du fémur chez les femmes et 16 000 chez les hommes par an.
L’étude épidémiologique menée par l’équipe de Lariboisière avait pour objectif d’évaluer les taux d’incidence des fractures de hanche en fonction du vieillissement de la population. Elle s’est fondée sur les données du PMSI entre 2002 et 2013 afin de suivre l’évolution de l’incidence des fractures de hanche chez les personnes de plus de 60 ans, ce type de fracture à cet âge étant d’origine ostéoporotique. Elle a analysé l’incidence des fractures de hanche de façon globale mais aussi en fonction du sexe et de la classe d’âge. « Il faut bien distinguer l’incidence des fractures et le taux d’incidence des fractures, c’est-à-dire l’incidence rapportée à une population donnée. Pour mettre en évidence d’éventuelles variations en fonction des diverses populations, nous avons analysé les données de chaque année entre 2002 et 2013 compris, ainsi que la moyenne de ces années, en les standardisant en fonction de l’évolution démographique par tranche d’âge », détaille la Pr Martine Cohen-Solal (hôpital Lariboisière, Paris).
Cette étude montre effectivement entre 2002 et 2013 une augmentation globale du nombre des fractures mais si on ajuste l’incidence en tenant compte des modifications démographiques de la population entre 2002 et 2013, le taux de fractures augmente proportionnellement moins vite que n’augmente le nombre de personnes âgées, et on a finalement moins de fractures que ne pouvait le faire craindre le vieillissement de la population. Par contre, à partir de 2012, le taux d’incidence repart à la hausse aussi bien pour les hommes que pour les femmes pour tendre vers ce que laissait présager le vieillissement de la population. Cette étude n’avait bien sûr pas la capacité d’expliquer ces variations, mais plusieurs hypothèses peuvent être envisagées. L’ostéoporose est une pathologie multifactorielle qui fait intervenir de nombreux éléments autres que l’âge comme les facteurs environnementaux. On peut penser qu’une meilleure connaissance de la maladie et de l’impact des facteurs d’environnement ont contribué à l’amélioration de la prévention et de la prise en charge de la maladie pour réduire l’incidence des fractures après 2002 ; inversement, la remise en cause de l’ostéoporose considérée comme une manifestation du vieillissement normal et non comme une maladie, la méfiance vis-à-vis des traitements, ont pu intervenir dans la hausse des fractures de hanche à partir de 2012.
D’après un entretien avec la Pr Martine Cohen-Solal, Fédération de rhumatologie, hôpital Lariboisière(Paris)
Article précédent
Une répartition hétérogène
Article suivant
Une technique de choix pour le suivi de la goutte
Une grande absente, la prévention de l’ostéoporose
Des MICI dans les cas récents
Une évaluation difficile
Étude ROC, analyse radiologique de l’évolution structurale
Quelle est l’incidence des fractures vertébrales ?
La CRP sous l’influence de l’IMC
Des marqueurs biologiques pour le diagnostic
Une répartition hétérogène
Évolution de l’incidence en France
Une technique de choix pour le suivi de la goutte
Le méthotrexate réduit l’immunogénicité de l’adalimumab
Quel impact de la supplémentation en vitamine D ?
Quel est le délai diagnostique ?
Rôle de l’obésité et du stade radiologique
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024