L’échographie pratiquée a fait ses preuves dans le diagnostic de la goutte, qui se définit par la présence d’un tophus et du signe de double contour. Mais on manquait de données sur son intérêt pour la surveillance sous traitement hypouricémiant. « L’échographie est peu coûteuse, peu chronophage, non invasive et permet de faire les deux pieds ou les deux mains en même temps, ce qui n’est pas le cas du scanner à haute énergie (DECT), coûteux, irradiant, et pas facilement disponible partout. L’échographie permet aussi au patient de visualiser l’amélioration de sa maladie et de comprendre l’importance de poursuivre son traitement » explique le Pr Frédéric Liote.
L’étude USEFUL avait donc pour objectif de montrer l’intérêt de l’échographie dans le suivi thérapeutique. Il s’agit d’une étude prospective française multicentrique ayant inclus 79 patients suivis pendant un an. Ils devaient avoir une goutte authentifiée par la présence de cristaux d’urate monosodique dans le liquide synovial, des tophus et/ou un signe de double contour à l’échographie et ne pas être sous traitement hypouricémiant avant l’inclusion. L’uricémie et l’aspect échographique ont été évalués à l’inclusion, puis au 3e et 6e mois. Trois cibles d’uricémie ont été définies: élevée au-dessus de 360 µmol/l, basse entre 300 et 360 µmol/l, très basse en dessous de 300 µmol/l.
Les participants ont été traités par l’allopurinol (33%) ou le febuxostat (67%). Après 6 mois, sur les 55 patients revus au 3e et 6e mois, 6 gardaient à 6 mois une uricémie élevée, 16 avaient une uricémie basse et 33 une uricémie très basse « ce qui nous confirme qu’un traitement bien conduit par hypouricémiant permet de réduire efficacement les cristaux d’urate" insiste le rhumatologue. À l’échographie, la diminution de la taille du tophus et l’effacement du double contour sont significativement associés à la baisse de l’uricémie. L’analyse des courbes ROC montre que le meilleur facteur prédictif pour définir la réponse au traitement est la réduction de 23% de la taille des tophus, qu’on choisisse le seuil de 300 ou de 360 µmol/l d’uricémie. On ne relève aucun facteur prédictif d’une uricémie inférieure à 360 µmol/l ; par ailleurs seul le traitement par febuxostat est significativement associé à une uricémie inférieure à 300µmol/l.
On confirme ainsi l’efficacité de l’échographie au cours du suivi pour repérer la diminution ou la disparition des dépôts d’urate sous traitement. Les images échographiques sont corrélées à l’évolution de l’uricémie. Le seuil de 23% de réduction de la taille du tophus pourrait devenir le critère permettant de stratifier les patients comme répondeurs ou non au traitement hypouricémiant.
D’après un entretien avec le Pr Frédéric LIOTE, Hôpital Lariboisière
Article précédent
Évolution de l’incidence en France
Article suivant
Le méthotrexate réduit l’immunogénicité de l’adalimumab
Une grande absente, la prévention de l’ostéoporose
Des MICI dans les cas récents
Une évaluation difficile
Étude ROC, analyse radiologique de l’évolution structurale
Quelle est l’incidence des fractures vertébrales ?
La CRP sous l’influence de l’IMC
Des marqueurs biologiques pour le diagnostic
Une répartition hétérogène
Évolution de l’incidence en France
Une technique de choix pour le suivi de la goutte
Le méthotrexate réduit l’immunogénicité de l’adalimumab
Quel impact de la supplémentation en vitamine D ?
Quel est le délai diagnostique ?
Rôle de l’obésité et du stade radiologique
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024