Consommation de soins dans l'arthrose

Une répartition hétérogène

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Publié le 11/12/2017
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consommation soins arthrose

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Crédit photo : DR

La cohorte française multicentrique KHOALA a recruté, entre 2007 et 2009, 878 patients atteints d'une arthrose symptomatique de genou et/ou de hanche en population générale. Ils seront suivis pendant 10 ans.

Parmi les objectifs de cette cohorte, figure l'analyse de la consommation de soins pendant les 5 premières années, qu'il s'agisse des consultations médicales ou paramédicales, des examens biologiques, de l'imagerie, des traitements pharmacologiques ou non, des aides fournies (fauteuil roulant, rampe de baignoires, etc.), des hospitalisations. À noter que ces coûts directs pouvaient être liés ou non à l'arthrose.

Un coût essentiellement lié aux comorbidités associées

Le coût direct total moyen par patient et par an de l’ensemble de la cohorte sur 5 ans est de 2 975 euros. Par contre, le coût direct médian total, déterminé par le chiffre qui sépare la moitié des patients consommant moins de la moitié de ceux qui consomment le plus, est de 1 015 euros. « La consommation de soins est très hétérogène, certains patients consommant très peu et d’autres beaucoup. En 5 ans, on constate que le coût direct moyen annuel augmente de 40 % (de 1 550 à 2 220 euros) tandis que le coût médian annuel diminue de 28 % (de 470 à 340 euros), montrant que l’hétérogénéité de la distribution des coûts tend à se majorer au cours des années », souligne le Dr Salmon (Reims). Mais les dépenses liées à l'arthrose ne constituent pas l'essentiel des coûts. En effet, si les médicaments constituent le principal poste de dépense de santé, la part de ceux attribuables directement à l'arthrose reste négligeable, avec moins de 5 % des coûts directs totaux. Les hospitalisations représentent le deuxième poste de dépense, mais les prothèses de hanche ou du genou n'entrent que pour 7 % dans les coûts directs totaux.

Les facteurs principalement associés à une augmentation des coûts sont l’âge élevé, la douleur, le nombre de comorbidités, le retentissement sur la qualité de vie et l’altération de l’état fonctionnel. Par contre, la localisation de l’arthrose n’a pas d’impact, ni la gravité de l’arthrose radiologique mais on sait qu’il n’existe pas de corrélation entre douleur, handicap fonctionnel et sévérité des lésions radiologiques. L’hétérogénéité de la consommation et la faible part des dépenses liées à l'arthrose laissent suspecter que le coût est surtout lié aux comorbidités associées. Il sera nécessaire d'étudier quelle est la part spécifique attribuable à l'arthrose dans les dépenses de santé. Vu la prévalence de la maladie, le coût de l'arthrose reste cependant considérable, surtout en tenant compte du vieillissement de la population et de l'augmentation de l'obésité.

Le rôle de l’état psychologique dans la consommation de soins

Lorsqu'on étudie les trajectoires de consommation de soins, on constate par exemple que le recours aux rhumatologues ou aux kinésithérapeutes augmente un peu vers la 2e ou 3e année puis diminue, tandis que la part de la chirurgie augmente progressivement au cours du temps. Pour les infiltrations, les trajectoires sont beaucoup plus variables, certaines débutent tôt mais restent stables, d’autres n’ont plus d'injections après un an, d'autres ne commençant qu'après 4 ans. Mais globalement, la consommation d'injections est faible pour la grande majorité des patients de cette cohorte en population générale, et encore plus basse pour l'acide hyaluronique que pour les corticoïdes. On constate aussi une certaine disparité géographique, avec par exemple dans le Sud un recours plus fréquent à la kinésithérapie.

En analyse multivariée, l'âge est associé à davantage de consultations médicales et d'infiltrations de corticoïdes. La douleur est corrélée à un plus grand nombre de consultations auprès d'un orthopédiste, l'atteinte fonctionnelle uniquement avec les hospitalisations. « On constate surtout, en analyse multivarié que l’état psychologique est le plus grand facteur prédictif de consultations médicales, de séances de kinésithérapie et d'infiltrations de corticoïdes », note la Dr Rat (Nancy).

 

D’après un entretien avec le Dr Jean-Hugues Salmon (Reims) et la Dr Anne-Christine Rat (Nancy)

Dr Maia Bovard-Gouffrant

Source : Le Quotidien du médecin: 9626