La cure, le bon moment !

L’éducation thérapeutique du patient (ETP) en milieu thermal s’est constituée par étapes. En 2006, tout d’abord, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, reconnaît officiellement l’intérêt de l’ETP. Il est suivi par Jacques Barrot : en 2008, le vice-président de la Commission européenne et ancien ministre de la Santé marque son engagement pour l’intégration de l’ETP dans la médecine thermale et rédige la préface du Livre blanc du thermalisme. Une volonté actée en 2009, dans le cadre de la loi HPST (hôpital, patients, santé, territoires). « Le Conseil national des établissements thermaux a alors commencé à construire des programmes d’ETP compatibles avec le format d’une cure thermale. Ces programmes ont été validés par les agences régionales de santé. Aujourd’hui, une vingtaine de stations thermales travaillent sur le développement de programmes d’ETP dédiés à des patients vivant avec des pathologies chroniques », souligne la Dr Karine Dubourg, directrice adjointe et responsable recherche de l’Institut du thermalisme de l’université de Bordeaux.

Former les professionnels à l’ETP

De fait, la cure thermale, d’une durée de trois semaines, est un moment privilégié pour engager une démarche éducative. Le patient se retrouve en dehors de son cadre habituel : il peut se consacrer pleinement à sa santé. « Avant la mise en place de programmes d’ETP, certaines stations thermales, comme celle de Dax, avaient déjà mis en place des initiatives d’éducation à la santé (ateliers de cuisine, relaxation, activité physique…). Elles étaient proposées aux curistes, à la carte », note la Dr Dubourg. Aujourd’hui, l’ETP s’est organisée. Beaucoup de professionnels de santé s’y sont formés, et les curistes bénéficient de programmes délivrés par des équipes pluridisciplinaires (infirmiers, diététiciens, coachs sportifs, sophrologues, médecins…) « L’Institut du thermalisme (organisme certifié RNCP) contribue largement à la formation obligatoire des professionnels en ETP », indique la Dr Dubourg. Non remboursés par l’Assurance-maladie, les programmes d’ETP (d’une dizaine d’heures en moyenne) coûtent entre 100 et 200 euros aux curistes.

L’exemple de Dax

À Dax, par exemple, les programmes d’ETP sont proposés aux patients chroniques souffrant d’une fibromyalgie ou d’arthrose en début de cure, par le médecin ou l’infirmière thermaux. « Après accord du patient, l’infirmière thermale établit d’abord un premier bilan éducatif partagé. D’une durée d’une heure, ce bilan lui permet d’établir, en collaboration avec le patient, un programme personnalisé d’ETP comprenant des priorités d’apprentissage », précise la Dr Dubourg. Puis, en fonction de ces priorités, l’infirmière oriente le patient vers des séances collectives d’ETP (ateliers thématiques) : gérer sa douleur, son stress, mettre en place une activité physique adaptée, apprendre à s’alimenter de façon équilibrée… « Nos programmes d’ETP durent deux semaines et demie (une dizaine d’heures au total). À l’issue de cette période, l’infirmière réalise un deuxième bilan d’éducation partagé pour évaluer les compétences acquises par le patient. Enfin, trois mois après le programme, elle s’entretient par téléphone avec le patient pour savoir si celui-ci continue à maintenir ses compétences, par exemple, une activité physique régulière. Cet appel est également très important pour juger de l’efficacité du programme d’ETP », ajoute la Dr Dubourg.

Côté évaluation, les stations de Dax et Saint-Paul-lès-Dax sont, par ailleurs, en train de finaliser l’essai clinique FIETT afin de mesurer l’intérêt de programmes d’ETP associés à la cure thermale (versus la cure thermale seule) pour les patients fibromyalgiques. Les premiers résultats devraient être connus d’ici à la fin de l’année.

D'après un entretien avec la Dr Karine Dubourg, directrice adjointe et responsable recherche de l'Institut du thermalisme de l'université de Bordeaux