« Aujourd’hui, la cancérologie libérale n’a certainement pas la reconnaissance qu’elle devrait avoir en France », indique le Dr Denis Franck, gérant du groupe Oncorad-Garonne, qui regroupe les structures libérales délivrant de soins de chimiothérapie et de radiothérapie au sein du Grand Toulouse.
Également président de l’Union hospitalière privée de cancérologie (UNHPC), le Dr Franck souligne que le secteur privé dispose de moins d’autorisations d’exercice que le secteur public alors qu’en proportion, il traite un nombre légèrement supérieur de patients. « Par exemple, les établissements privés ont 40 % des autorisations pour le traitement chirurgical du cancer alors qu’ils opèrent environ 52 % des patients. Ils ont par ailleurs 20 % des autorisations de chimiothérapie pour environ 30 % des patients traités. Enfin pour la radiothérapie, on recense environ 40 % des autorisations pour 50 % de patients traités », détaille le Dr Franck.
En dépit de ces chiffres, la cancérologie libérale reste peu écoutée des tutelles. « On ne peut que constater que le terme "cancérologie libérale" n’est quasi jamais mentionné dans le Plan cancer III. C’est une situation que nous ne pouvons que déplorer car je pense que nous n’avons pas à rougir de la qualité des prises en charge que nous délivrons dans nos établissements », indique le Dr Franck.
Ce dernier insiste aussi sur le problème du financement à deux vitesses existant entre le public et le privé. « Il faut quand même savoir qu’un oncologue libéral perçoit entre 28 et 29 euros pour la délivrance d’une chimiothérapie, un traitement avec des produits toxiques qui engage sa responsabilité de manière importante. Ce dispositif à double vitesse existe de manière encore plus importante pour le financement de la radiothérapie. Il existe aujourd’hui dans ce domaine un différentiel de 1,3 pour un patient traité dans le public par rapport au privé », souligne le Dr Franck.
« Dans nos établissements, travaillent des radiothérapeutes qui sont issus des mêmes facultés de médecine que leurs collègues des structures publiques, poursuit-il. Et ces médecins travaillent sur les mêmes machines. On ne comprend donc pas pourquoi ils ont une nomenclature différente pour leur activité de radiothérapie qui, aujourd’hui, se fait en ambulatoire dans 99 % des cas. À l’hôpital public, le financement repose sur la tarification à l’activité et, en libéral, sur la Classification commune des actes médicaux (CCAM). Comme si les radiothérapeutes du privé avaient un cabinet médical ordinaire… ».
Selon le Dr Franck, ce mode de financement n’est pas adapté aux contraintes du radiothérapeute libéral, qui doit investir des sommes importantes pour l’acquisition de son matériel. « Un accélérateur de particules coûte par exemple environ 3 millions d’euros », souligne-t-il, en ajoutant que seul le regroupement des structures privées permet de faire face à ces investissements. « C’est en se regroupant et en mettant nos forces en commun que nous parviendrons à garder des plateaux techniques modernes et capables d’assurer une cancérologie performante ».
Entretien avec le Dr Denis Franck (clinique Pasteur, Toulouse), gérant du groupe Oncorad-Garonne
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