Cela faisait plus d’un an qu’il avait cessé d’exercer son métier de généraliste. À 66 ans, retraité depuis janvier 2019, le Dr Claude Leicher a revissé sa plaque au début du moins de mars, juste avant le confinement. Le médecin, ex-président de MG France, n’a pas hésité un instant. « Je ne me suis pas trop posé de questions, je me suis réinstallé », raconte le généraliste d'Étoile-sur-Rhône (Drôme), prêt à remplacer un confrère malade ou à prêter main-forte si les cabinets venaient à déborder.
À l’époque, le Dr Leicher a bien conscience des risques auxquels il s’expose compte tenu de son âge. « J’estime que c’est plutôt à ma génération de les prendre plutôt qu’à mes confrères qui ont parfois de jeunes enfants ou qui démarrent leur activité », confie le généraliste. Avec le confinement, les cabinets ne tournent pas à plein régime. Mais le médecin consulte tout de même, essentiellement des patients Covid qui ne trouvent pas de médecin. Il tombera même malade, lui-même contaminé par le coronavirus, peu après le scrutin des élections municipales auquel il participe. Il maintiendra son statut de libéral jusqu’à la fin de l’état d’urgence, le 10 juillet.
Le Dr Leicher se souvient d’un formidable élan de solidarité parmi les soignants. « Pour moi, ça a vraiment été impressionnant, relate le médecin. Dentiste, kiné, opticien, orthophoniste, podologue… tous ceux qui avaient dû cesser leur activité sont venus aider pour faire des salles d’attente parking, mettre en place les files d’attente dans les cabinets, installer des plexiglas dans les pharmacies… Je n’avais jamais vu une telle unité pas seulement entre médecins mais entre tous les soignants ! »
Les CPTS au cœur du dispositif
Rien n’aurait été aussi simple sans la CPTS (communauté professionnelle territoriale de santé) mise en place récemment et présidée par Dr Leicher, également à la tête de la fédération nationale qui promeut ces structures.
« Dès le début, cela a mis de la fluidité dans la communication entre les professionnels en ville et avec l’hôpital. Les choses se sont assez vite concrétisées grâce à cela », témoigne le médecin qui contribue à l’organisation des soins durant la crise sanitaire en coordination avec l’ARS et la CPAM. Dix-neuf secteurs Covid sont mis en place dans la région, calqués sur les secteurs de garde. Des correspondants sont désignés au sein des médecins et des autres corporations pour faciliter la communication notamment entre la ville et l’hôpital.
Cet épisode a été un formidable accélérateur pour les CPTS, estime le Dr Leicher : « Aujourd’hui, quand je vais discuter de l’organisation de CPTS, je n’ai pas besoin de faire un plaidoyer dithyrambique. Tout le monde a bien compris quel était l’intérêt de ces structures. »
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