Cette crise, on s'y attendait, mais jusqu'à début mars, ça me semblait très loin. Et puis d'un seul coup, tout s'est accéléré pour nous avec le foyer épidémique de l'Oise. Je n'avais pas pris la mesure de la gravité potentielle de cette pathologie, même pour des personnes sans comorbidités. J'étais peut-être trop confiante par rapport aux autres épidémies, ou trop "française" en pensant que chez nous ça serait différent.
Désormais, nous sommes en plein dedans. Je vis plutôt bien la situation. Je garde le sourire et ma bonne humeur, c'est important pour qu'on tienne le coup. Les patients sont très anxieux et c'est parfois ce qu'il y a de plus difficile à gérer. Comment rassurer une patiente Covid+ oxygéno-dépendante en lui disant que ça va aller, alors qu'on sait que ça peut s'aggraver et nécessiter une assistance ventilatoire ?
Aux urgences, l'organisation évolue régulièrement. Tout est réadapté en fonction du nombre de passages, avec des unités différenciées Covid, que ce soit pour les urgences vitales ou non. Les internes et les médecins des autres spécialités nous aident pour fluidifier les prises en charge, mais aussi pour les gardes. En revanche, je déplore que nos confrères généralistes de ville soient si démunis en matériel de protection ! C'est très important pour les urgences qu'ils puissent continuer à consulter en toute sécurité, afin de nous éviter un engorgement.
D'un point de vue personnel, le confinement me fait presque du bien ! Je garde une vie sociale avec les collègues et quand je rentre chez moi, c'est repos. J'ai l'habitude d'être hyperactive et de jongler entre le sport, les sorties entre amis et les engagements bénévoles. Depuis 15 jours, je me recentre sur les choses essentielles. Cela me permet d'être plus reposée et prête à enchaîner les heures à l'hôpital.
Finalement, dans ces situations, l'entraide et la bienveillance sont essentielles. À l'avenir, une formation aux risques nucléaires, radiologiques, biologiques, chimiques et explosifs (NBRC-E) me semble essentielle dans notre cursus. Avant cette crise, l'habillage et le déshabillage en tenue spécifique m'étaient inconnus…
Dr Catherine Bourbon, 27 ans, médecin urgentiste au CHU d'Amiens
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