Comment articuler au mieux les liens entre l’hôpital et la ville et permettre une meilleure coordination dans la prise en charge des patients atteints de cancer ? Cette question est fondamentale pour la Dr Marie-Hélène Certain, généraliste aux Mureaux (Yvelines) et secrétaire générale du Collège de la médecine générale. « C’est très important que cela ne se fasse pas dans un seul sens, souligne-t-elle. Aujourd’hui, on voit le développement de pratiques avancées pour permettre à l’hôpital de sortir de ses murs afin d’accompagner au mieux le patient à l’extérieur. C’est notamment une mission confiée aux infirmières coordinatrices. Nous aussi, on aimerait bien avoir des ressources type pratiques avancées, pour favoriser la coordination entre les acteurs de l’ambulatoire, et nous rapprocher de l’hôpital. Cela prend du temps : il n’est pas toujours possible de passer une demi-heure au téléphone pour joindre un service hospitalier au sujet d’un patient ».
Un généraliste impliqué à chaque étape de la maladie
Lors des RCFR, la Dr Certain compte bien rappeler les missions très larges du généraliste. « On est là avant, pendant et après le cancer, dit-elle. Avant, car nous faisons un travail de prévention et de dépistage auprès de nos patients. Lors de l’entrée dans la maladie, nous sommes actifs dans l’adressage vers l’hôpital le plus adapté à la situation du patient, une question cruciale pour éviter les pertes de chances. Si lors de la phase curative, nous voyons moins le patient, car l’hôpital et les soins aigus prennent logiquement presque toute la place, les courriers de l’hôpital doivent nous donner suffisamment d’informations pour faire face aux demandes médicales, psychologiques, sociales du patient et de son entourage. Voir son médecin traitant peut être un plus pour le patient et son entourage dans une phase curative difficile, et longue ».
Après la phase de traitement, le généraliste redevient le premier interlocuteur médical du patient pour la surveillance de l’après-cancer. « Nous sommes souvent en première ligne pour gérer les récidives et, aussi, quand l’évolution est défavorable, l’accompagnement de la fin de vie et les soins palliatifs », souligne la Dr Certain, en insistant sur l’importance de « cette continuité » dans l’exercice du médecin généraliste.
Améliorer l'articulation hôpital/ville
C’est durant la phase curative qu’il faudrait, selon elle, renforcer l’articulation entre l’hôpital et la ville, cette articulation entre les soins aigus et techniques et la réalité de la vie quotidienne du patient, dans sa sphère sociale et familiale. « Le patient est soigné à l’hôpital mais le plus souvent en hôpital de jour ou lors d’hospitalisations courtes. Il passe heureusement la majeure partie de son temps chez lui », indique la Dr Certain, en soulignant la nécessité de « bien mettre dans la boucle » les professionnels de ville lors de l’élaboration du projet de soins du patient. Il est important d’avoir une approche de santé globale qui prenne en compte l’ensemble des problèmes auxquels peut être confronté le patient. « Aujourd’hui, le cancer touche de plus en plus de patients âgés et polypathologiques. Et le cancer n’est, bien souvent, pas le seul problème de santé à prendre en charge. Nous nous efforçons de travailler de plus en plus en équipes de soins primaires, et de rendre visibles ces équipes, pour devenir des interlocuteurs crédibles. C’est tout l’enjeu de l’organisation des soins primaires en France ».
D'après un entretien avec la Dr Marie-Hélène Certain, généraliste aux Mureaux (Yvelines) et secrétaire générale du Collège de la médecine générale
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