« En cancérologie, la maladie n'attend pas et le patient doit rapidement connaître les différentes options qui s'offrent à lui. Et la plus grande injustice qui peut être faite à un patient est qu'il ait besoin d'accéder à un essai et qu'il ne sache pas que cet essai existe », estime le Dr Jean-Philippe Metges (CHRU Brest).
Pallier les inégalités territoriales
En matière d’essais cliniques, il faut en premier lieu couvrir les inégalités au niveau des territoires, comme cela a par exemple été fait dans le grand ouest. « Nous avons mis en place, au niveau du pôle de cancérologie Bretagne (Brest Rennes) que je co-coordonne avec le Pr Le Gall, un annuaire des essais thérapeutiques en Bretagne regroupant l’ensemble des essais de toutes les structures privées et publiques. Il est consultable par tous, à tout moment et remis à jour en quasi live par notre chargée de projet, Ingrid Felten, ainsi que notre équipe. L’évolution naturelle a été ensuite de collaborer avec l’Institut de cancérologie de l’Ouest (ICO, Nantes-Angers en pays de Loire) dans le cadre de la structure des Accès régionaux des essais précoces et innovants du grand ouest (ARPEGO) », rapporte le Dr Metges, qui se félicite du soutien apporté par le CHU de Brest. L’objectif est de pouvoir accéder à tous les essais, qu'ils soient menés dans un hôpital universitaire, général ou un centre privé. Depuis le début de l’année, l’évolution se concrétise, tous les mercredis matin, par une réunion de concertation pluridisciplinaire en visioconférence qui permet aux médecins et assistants de recherche cliniques de Brest, Rennes, Nantes, Angers et Caen de définir pour un patient donné l’essai qui peut répondre à sa situation. Cette structure a été labellisée en septembre dernier par le Comité national de coordination de la recherche (CNCR) et FHF cancer car elle répond à un appel à projet de Label « Excellence Recherche Cancer Territoire ». « Nous offrons donc une réponse interrégionale qui peut permettre au patient d'être traité ailleurs, mais à une distance raisonnable de son lieu de vie », insiste le Dr Metges.
Réduire les délais d’accès aux essais et aux traitements innovants
Un autre enjeu est de faciliter la participation des structures françaises à des essais internationaux et à la mise en place des essais cliniques. « Il faut une réflexion pour que les délais d’accès aux essais soient raccourcis, rappelle le Dr Metges. L’amélioration du pronostic des patients souffrant d’un cancer du côlon, du pancréas ou d’un GIST et de bien d’autres vient en partie des derniers essais cliniques. Il faut bien sûr qu'il y ait des garde-fous, ce qui passe par des critères d'exigence très stricts mais avec des procédures administratives raccourcies au maximum ».
« Notre pays doit également comprendre le challenge de l'accès à l'innovation, dans un contexte de bon usage du médicament, poursuit le Dr Metges. Parfois, il faut attendre plusieurs mois après l’autorisation de mise sur le marché européen pour pouvoir prescrire un médicament, pour une question de prix. Il faut savoir repérer l'essai qui change la donne et impose une nécessaire accélération de l'évaluation et des délais d’accès à des innovations cruciales. Mais ceci doit se faire en fixant des limites grâce à une recherche clinique encadrée ».
D'après un entretien avec le Dr Jean-Philippe Metges, coordinateur du cancéropôle du Grand ouest (CHRU Brest)
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