LE STRESS correspond à un état dans lequel l’homéostasie est menacée ou est perçue comme telle. Les facteurs physiques ou émotionnels en cause (dits "stresseurs") sont innombrables chez l’être humain et varient fortement d’un individu à l’autre.
De même que l’origine du stress, son déclenchement, son intensité, ses conséquences et les mesures d’adaptation mises en place en réaction présente une variabilité interindividuelle élevée.
Le stress, individuel par essence.
En dépit de toutes ces différences, il a été possible de mettre en évidence des facteurs communs de réponse à des situations stressantes (on parle aussi de syndrome général d’adaptation de Selye). Un milieu socio-économique défavorable, notamment, est générateur, d’une part, de stress chronique et d’autre part, de comportements délétères pour la santé : alimentation quantitativement et qualitativement déséquilibrée, tabagisme, sédentarité… Autant de facteurs de risque d’obésité, de diabète et de maladies cardio-vasculaires.
Ainsi, les troubles métaboliques sont intimement liés au stress chronique, y compris à la dépression. Dans ces trois entités, on note la présence quasi systématique d’un terrain inflammatoire, de troubles du sommeil et de fatigue.
Stress chronique et dépression.
Le recoupement des données de la littérature montre que la dépression est prévalente chez les diabétiques : elle est retrouvée chez 10 à 30 % des patients. La dépression est aussi un facteur de risque de diabète de type 2, avec un risque relatif augmenté de 25 à 30 %. Le lien de causalité entre ces deux pathologies reste relativement inconnu.
Une des hypothèses avancées est que les complications diabétiques génèrent un stress chronique qui conduit à la dépression. D’un autre côté, des niveaux élevés de stress émotionnel général, d’anxiété, de troubles du sommeil ou de colère, sont des facteurs de risque de diabète de type 2.
Parmi les caractéristiques physiologiques pouvant sous-tendre le lien entre stress, dépression et diabète, si l’inflammation ne semble pas intervenir de façon significative, les facteurs comportementaux peuvent jouer un rôle, c’est le cas notamment dans la prise de nourriture et l’obésité. En revanche ce lien n’est pas retrouvé avec d’autres facteurs comportementaux tels que la sédentarité et le tabagisme.
Prudence dans l’interprétation.
Malheureusement, bon nombre des travaux consacrés aux interrelations entre stress, dépression et diabète ne sont pas exempts de biais de publication (les résultats négatifs sont moins souvent retenus), d’édition (la constatation précédente incite les investigateurs à la recherche "à tout prix" d’associations significatives) et de méthodologie (peu d’études prospectives longitudinales, objectif et descriptif souvent publiés a posteriori pour éviter les écueils précédents). Des travaux, de préférence prospectifs, restent nécessaires pour faire le jour sur les nombreuses zones d’ombre persistantes.
D’après les communications de George P. Chrousos, (Athènes, Grèce), Nancy E. Adler (San Francisco, États-Unis) & Frans Pouwer (Tilburg, Pays-Bas) lors du symposium "Stress and Diabetes".
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