Ostéoporose

Entre trop et trop peu de dépistage

Publié le 12/06/2015
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Une étude américaine suggère que la pratique de l’ostéodensitométrie pourrait être trop fréquente chez les femmes jeunes à moindre risque de fracture et trop rare chez les patientes plus âgées et plus à risque.

Crédit photo : VOISIN/PHANIE

En fait-on trop ou trop peu en matière de dépistage de l’ostéoporose chez la femme ? Alors que le sous-diagnostic est souvent pointé du doigt, une étude de cohorte américaine récente, publiée dans le

« Journal of Internal Medicine », suggère que les choses ne sont peut-être pas si simples. Avec semble-t-il un excès de zèle pendant les années qui suivent la ménopause et, à l’inverse, un certain « relâchement » chez les femmes plus âgées pourtant plus à risque.

Ce travail a inclus plus de 50 000 femmes âgées de 40 à 85 ans ayant consulté en soins primaires entre 2006 et 2012. Pour toutes ces patientes les auteurs ont analysé les facteurs de risque d’ostéoporose et ont regardé de façon rétrospective si elles avaient ou non pratiqué une ostéodensitométrie au cours des sept dernières années.

Les femmes les plus âgées « délaissées »

Résultats : bien qu’elles y soient éligibles selon les guidelines américaines, plus de la moitié (57,8 %) des femmes de plus de 65 ans et 42 % des plus de 75 ans n’avaient bénéficié d’aucune mesure de DMO, de même que 58,8 % des femmes âgées de 60 à 64 ans présentant un autre facteur de risque d’ostéoporose. A contrario, près de la moitié (46 %) des femmes à faible risque âgées de 50 à 59 ans et 59 % de celles âgés de 60 à 64 ans sans facteurs de risque avaient bénéficié d’une DMO. « Le dépistage par ostéodensitométrie a donc été sous-utilisé chez les femmes à risque accru de fractures, notamment les femmes âgées de 65 ans et plus alors qu’il était courant chez les femmes à faible risque », analyse le Dr Amarnath (Sacramento), co-auteur de l’étude.

En France, une étude récente menée à partir de données de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) avait déjà déjà montré que seuls 10% des femmes de plus de 50 ans hospitalisées pour fracture bénéficiaient d’une ostéodensitométrie dans l’année suivant leur hospitalisation. L’antécédent de fracture sans traumatisme fait pourtant partie des situations à risque retenues par la CNAM pour le remboursement de l’ostéodensitométrie. En revanche, en France, l’âge seul ne constitue pas en soit une indication de DMO.

Bénédicte Gatin

Source : lequotidiendumedecin.fr