Sibongile Emily Tsahabalala a fait le buzz lors de la conférence scientifique de la société internationale pour le Sida (IAS) à Paris, en confisquant le micro de la séance d'ouverture afin de porter la voix des malades. « Le Quotidien » a rencontré cette activiste sud africaine qui n'a jamais sa pancarte dans la poche.
Le QUOTIDIEN : Qui êtes-vous ? Et qu'est-ce qui a provoqué votre envie de venir manifester à Paris ?
SIBONGILE EMILY TSAHABALALA : Je suis séropositive depuis 2000 et la vice-secrétaire générale d'une confédération d'ONG représentant la société civile sud Africaine. Nous voulions honorer la mémoire de deux de nos camarades décédés récemment. Le premier est le scientifique Mark Weinberg, et l'autre est Prudence Mabele, une femme qui, comme moi, vivait avec le sida et a été la première sud africaine, en 1991, à affirmer et assumer publiquement dans les médias son statut de malade, quand elle avait 21 ans.
Elle a été un soutien fort de la société civile dans sa lutte pour l'accès aux soins, et nous ne pouvions pas nous contenter d'une minute de silence, car elle est morte d'une infection opportuniste, ce qui est tout un symbole.
Les comorbidités et des effets secondaires sont un problème prégnant en Afrique du sud ?
La stratégie actuelle dans les pays africains consiste à demander aux malades de prendre leur traitement et c'est tout. Rien n'est fait pour les aider quand ils souffrent de maladies opportunistes ou de comorbidités. Les traitements actuels provoquent des problèmes psychiatriques. Nous avons des insuffisances rénales causées par le TDF (ténofovir disoproxil fumarate, N.D.L.R.) qui ne sont pas soignées, et des troubles mentaux induits par l'utilisation prolongée de certaines vieilles molécules.
Ces effets secondaires sont une des raisons pour lesquelles nous demandons que les nouveaux traitements soient plus rapidement disponibles. Nous savons déjà que le dolutégravir ne sera pas disponible dans les pays à faibles revenus.
L'Afrique du Sud fait partie des pays qui ont considérablement amélioré l'accès aux traitements antirétroviraux. Est-ce suffisant ?
Non, et cette amélioration ne durera pas si les financements internationaux continuent à diminuer. Nous avons besoin du soutien des scientifiques, des hommes politiques et des associations car il faut rendre disponible de nouvelles molécules innovantes, surtout dans les domaines de la tuberculose et du VIH car nous utilisons toujours des traitements anciens, toxiques, et contre lesquels les résistances sont de plus en plus fréquentes.
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