Une fillette sud-africaine de 9 ans née séropositive vivrait en rémission après seulement 40 semaines de traitement antirétroviral, selon les résultats présentés par le Pr Anthony Fauci, directeur de l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), en ouverture d'une session spéciale dédiée aux « challenges et les opportunités dans le VIH », lors de l'IAS 2017 qui se tient en ce moment à Paris. Huit ans et 9 mois après la fin du traitement, la charge virale de la fillette est toujours indétectable et la maladie ne présente aucun risque de transmission.
La fillette faisait partie d'un essai clinique lancé en 2007 sur 142 bébés. Les nourrissons avaient été aléatoirement répartis entre un groupe recevant un traitement antirétroviral pendant 40 semaines et un autre groupe recevant un traitement pendant 96 semaines. La jeune fille faisait partie du groupe 40 semaines. Cette histoire singulière ferait d'elle le premier patient en rémission prolongée après avoir participé à un essai clinique.
Des cas rares qui interpellent
Il ne s'agit pas du premier enfant en rémission. Lors de la précédente conférence scientifique de l'IAS, en 2015, le cas d'une jeune Française de 18 ans, infectée par le virus du VIH à la naissance par voie materno-fœtale et en rémission virologique depuis 12 ans avait également été dévoilé. En juillet 2014, après 2 ans et demi sans traitement, on avait par ailleurs finalement détecté la présence du VIH dans le sang du désormais célèbre « Mississippi Baby ». On peut également citer les 14 membres de la cohorte française Visconti ou de la cohorte SPARTAC, tous composés de patients contrôleurs post traitement.
« Le seul point commun entre toutes ces personnes est qu'elles ont été traitées très tôt au cours de l'infection, explique au « Quotidien du Médecin » le Pr Anthony Fauci, mais nous ne savons absolument pas quels sont les mécanismes en jeu. Il est possible que ces patients aient développé des anticorps neutralisants à large spectre ou une réponse immunitaire des lymphocytes T. S'il y a un phénomène immunitaire, nous devons trouver comment l'induire chez d'autres patients. »
Les chercheurs ne sont même pas en mesure de savoir quels types de cellule exactement servent de réservoir au virus. « Nous pouvons attester de la présence de virus grâce à la PCR mais nous n'avons pas identifié de virus en mesure de se répliquer, poursuit le Pr Fauci, une explication possible est que le traitement précoce a éliminé les virus capables de se répliquer et n'a laissé que des fragments que nous détectons grâce à des sondes moléculaires. Le seul moyen d'en savoir plus serait d'extraire toutes les cellules réservoir potentielles et de les analyser, ce qui est évidemment impossible. Tout ce que nous pouvons faire c'est suivre la patiente et attendre de voir le virus rebondir, s'il rebondit un jour. »
Dans le cas de la jeune patiente sud-africaine, une étude génotypique a révélé la présence du virus dans une petite fraction des cellules composant son système immunitaire. Pour le Pr Fauci, « ce nouveau cas renforce notre espoir que l'on peut éviter le fardeau d'une vie de contraintes en les mettant sous traitement pendant une courte période de temps, à leur naissance ».
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