Le « Cloud » médical : en toute sécurité

Publié le 02/12/2011
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Le Cloud Computing, c’est l’informatique dans le nuage. C’est-à-dire que les applicatifs et les données sont déportés de l’ordinateur local vers un serveur distant. On y accède le plus souvent par le biais d’un service Web. Rien d’inconnu pour un médecin qui utilise les téléservices de l’Assurance-maladie, s’est déjà connecté au DMP d’un patient, ou encore s’est essayé à la télétransmission des FSE en ligne ou à la gestion de son agenda sur Internet.

Le « Cloud », on en fait depuis longtemps sans le savoir. Ce qui est nouveau, c’est que tout le monde en parle. Tous les acteurs intervenants dans l’Internet fixe et mobile proposent des applications à télécharger sur leurs sites : les éditeurs de systèmes d’exploitation (Apple, Google, Microsoft, etc.), les opérateurs de réseaux (Orange, SFR, Bouygues, Free…) et les fabricants de smartphones et tablettes (voir article p. 20 et 21), mais aussi, des prestataires de services de toutes sortes (les sites de sauvegarde en réseau ou les sites de transfert de fichiers), les fabricants de périphériques de stockage et bien sûr, les éditeurs de solutions métiers. Les éditeurs d’OS ne sont pas en reste car ils sont en position privilégiée pour promouvoir leur écosystème et donc leur propre Cloud (voir le test d’ iCloud p. 17). Il faut comprendre que le Nuage est pluriel et se catégorise en Clouds publics, par définition accessibles à tous, et Clouds privés, dont l’accès est restreint. Par extension, un disque dur privé en réseau est même assimilé au Cloud dès lors qu’on y accède à distance par l’intermédiaire d’une interface Web. L’informatique virtualisée est donc plus qu’un concept marketing, c’est une tendance de fond qui touche la médecine comme bien d’autres secteurs.

HDS, la garantie sécurité

Si les offres « en ligne » ont jusqu’ici peu séduit les médecins, c’est en grande partie pour des raisons de sécurité. Il leur semblait préférable de garder leurs données en local en faisant leur propre sauvegarde. Le décret hébergeur de données de santé a changé la donne avec la mise en place d’une procédure d’agrément.

Au 1er septembre, le ministère de la santé avait rendu 24 décisions d’agrément pour des sociétés ou des organismes (voir sur esante.gouv.fr, le portail de l’ASIP Santé). Il s’agit d’hébergements d’applications, de dossiers médicaux, de dossiers pharmaceutiques, d’imagerie, de données de santé partagées. Beaucoup de candidatures sont en cours d’examen.

De nouveaux acteurs apparaissent comme les opérateurs télécom. Orange est agréé HDS, ce qui lui a surtout permis jusqu’à présent d’héberger l’application « région sans film » avec ouverture de dossiers patients d’imagerie d’établissements franciliens vers le praticien (en cours de déploiement).

De même, SFR Business Team a annoncé lors des dernières Journées françaises de radiologie son partenariat avec Fujifilm pour héberger Synapse Cloud, une solution logicielle et de stockage des données. C’est l’imagerie médicale « as a service ». L’agrément de SFR est en cours. La commercialisation est prévue en décembre.

Cet agrément est un des éléments de la confiance indispensable au « Cloud ». Chaque HDS doit disposer d’un médecin rattaché qui est le garant du respect de l’éthique médical et du maintien du secret médical en toute circonstance. C’est lui qui aura accès, en cas de nécessité, aux données hebergées. Ceux-ci se sont réunis en un collège national des médecins des hébergeurs.

Externaliser la sauvegarde en toute sécurité

Sur un échantillon de 908 praticiens des Pays de Loire (sondage Effigen-URPS octobre 2011), 78,4 % sauvegardent leurs données sur un disque dur externe ou une clé USB et 10 % sur un CD ou un DVD. À noter, dans 39 % des cas, ces sauvegardes sont stockées dans le bâtiment où se trouve également le serveur informatique… Seul 1 % fait appel à un hébergeur spécialisé. Ces praticiens sont par ailleurs bien conscients que c’est la sécurité des données qui les inciteraient à choisir un système hébergé. Mais le marché commence tout juste à mûrir.

Cela fait déjà deux ans que CompuGroup medical France (CGMF) a lancé une offre de sauvegarde en ligne baptisée Fortidata à l’intention des cabinets médicaux qui n’a attiré que quelques centaines de clients. Il est vrai que le nouvel agrément officiel d’hébergeur de données de santé obtenu par le Réseau santé social en août dernier va lui donner plus de visibilité. C’était indispensable à l’activité de dossier médical en ligne menée par CompuGroup medical sous le nom de Medicalnet et de son millier d’utilisateurs médecins, principalement spécialistes. Franck Frayer, directeur général du réseau et par ailleurs président de CGMF croit beaucoup au développement de la sauvegarde en ligne lorsqu’elle sera intégrée dans un logiciel comme AxiSanté et offrira une grande facilité d’usage. Pour le moment, il faut encore déployer beaucoup de pédagogie auprès des médecins comme auprès des revendeurs qui doivent mettre cette option à leur catalogue. « Cela change les habitudes de nos partenaires distributeurs qui proposent au médecin un graveur de disque pour leur sauvegarde » Fortidata, c’est un système d’hébergement en mode Cloud pur et dur, où l’utilisateur choisit la puissance de sa machine virtuelle.

Mis à part les sociétés spécialisées dans le « en ligne » dès l’origine, les autres éditeurs sont moins avancés. Mais nombre d’entre eux (dont CLM) étudient des offres de sauvegarde en ligne. « Jusqu’à présent nous trouvions que c’était encore un peu cher pour le médecin, mais on va s’y mettre, analyse Martial Bellegarde chez FISI, qui équipe en majorité des spécialistes (80 %), environ 5 % de nos clients en ont fait la demande et il y en aura de plus en plus ».

Du logiciel métier au service métier en Saas

Lorsqu’il est dans le Cloud, un logiciel devient un Saas (Software as a service), autrement dit un service, accessible par une interface Web. L’offre se diversifie à l’intention des médecins. Elle sera plus chère car les exigences de sécurité sont plus importantes et uniquement par abonnement.

Si CompuGroup medical a été l’un des pionniers avec Medicalnet, c’est Cegedim Logiciels Médicaux qui va tirer le premier début 2012 avec la commercialisation de monlogicielmedical.com (MLM). « Un tout nouveau produit, indique Jean-François Magne, directeur commercial, simple à utiliser, utilisant le principe du tout à l’écran et très paramétrable, notre module de télétransmission « full web », efse, lancé en 2010 sera intégré et les dossiers médicaux seront hébergés sur nos serveurs qui ont reçu l’agrément hébergeur de données de santé. » Cette offre, sous forme d’un abonnement mensuel, devrait selon CLM attirer de nouveaux médecins, non équipés ou mal équipés, notamment les jeunes médecins et les spécialistes qui ont plusieurs lieux d’activité. C’est en effet l’un des avantages des Saas, être accessible en tout lieu et de n’importe quelle plate-forme.

C’est aussi une solution pour les médecins remplaçants qui travaillent avec le logiciel du médecin remplacé. Veulent-ils conserver les informations saisies (un cas clinique intéressant par exemple), ils n’ont qu’à ouvrir en parallèle une cession de monlogicielmedical.com et exécuter quelques copier-coller.

« C’est plus mature dans l’esprit des gens et donc des médecins, souligne J.-F. Magne, car nous nous sommes tous habitués à consulter notre webmail de partout ». L’homologation DMP et l’intégration des Webservices sont en cours.

Autre nouveauté prévue pour janvier 2012, Weda. « C’est l’aboutissement du travail commencé avec AxiSanté et poursuivi avec Medicalnet, explique son promoteur Fabrice Greenbaum qui a lancé les deux produits. Après avoir quitté CompuGroup, il s’est engagé, de Montpellier, son fief, dans une nouvelle aventure, la plate-forme Weda conçue pour la communication entre médecins. Déjà testée sur 25 sites pilotes, Weda héberge plusieurs modules. We pour l’échange de données, Wd pour la gestion du dossier avec Vidal on line, Wa pour l’archivage, Wp pour le planning, Wv (Vitalink) pour la télétransmission des FSE en ligne et Ws pour l’accès au webservices (Assurance-maladie, DMP, télémédecine). « Weda s’adresse à tous les médecins libéraux français, souligne Fabrice Greenbaum, ils peuvent conserver leur logiciel médical et se servir de Weda pour communiquer, notamment entre généralistes et spécialistes. C’est idéal pour les remplaçants qui peuvent conserver des cas patients intéressants. » Les données seront sauvegardées chez MIT (Montpellier Internet Technologie), un hébergeur régional qui a fait une demande d’agrément HDS. « Les 500 premiers médecins qui ont utilisé Medicalnet en 2007-2008 avaient tout compris, il n’est pas logique d’avoir un bout de ses données sur son disque dur et un autre bout en ligne sur le DMP et les téléservices. ».

De fait, les éditeurs qui ont misé sur le Saas depuis leurs débuts, confirment un intérêt croissant du corps médical pour les solutions en ligne.

Chez ICT dont le logiciel Chorus s’est d’abord implanté dans des centres de santé, puis a séduit des maisons de santé pluridisciplinaires, Véronique Tourlonias constate que de plus en plus de cabinets de groupes changent de logiciels pour leur solution en ligne, « c’est une évolution favorable du marché de la santé ; l’agrément hébergeurs de santé que nous attendons pour la fin de l’année parallèlement à notre certification ISO9001, a instauré la confiance. » ICT précise bien que l’hébergement de Chorus et de ses 3 millions de dossiers patients se fait sur ses propres serveurs dédiés (agrément en cours).

Aatlantide, l’un des pionniers de la télétransmission en ligne avec acteur.fse, se réjouit de ce phénomène de mode. « C’est une bonne chose, dit Thierry Maure, responsable commercial (marché libéral), l’agrément ministériel pour le Cloud sécurisé a répondu à beaucoup d’attente en terme de besoins et de sécurité ». De fait l’application de dossier médical en ligne lancée il y a 18 mois a séduit 7 à 800 médecins libéraux, spécialistes en majorité.

Plates-formes de service et interface Web

C’est bien la notion de service que Daniel Israël avait déjà mis en avant lorsqu’il a fondé en 1999 avec un autre ingénieur, Sephira et son service Intellio assurant la gestion et l’envoi des FSE à la place du médecin. Au fil des ans, Intellio est devenu un terminal Internet (même si la moitié de ses clients utilisent toujours leur liaison RTC) et Sephira propose aujourd’hui Moovcare, une plate-forme sur laquelle des éditeurs de logiciels peuvent se greffer pour la télétransmission et l’accès vers les mutuelles mais aussi pour l’accès au DMP ou aux téléservices de l’Assurance-maladie. Le PC ou l’ iPad connecté à un site Internet accessible via la carte CPS, communique par liaison Wi-Fi (ou blue tooth) sécurisé (liaison de type SSL V3) « J’ai déposé un brevet sur cette liaison sécurisée » souligne Daniel Israël. Sephira travaille sur des solutions en ligne de son logiciel Medicawin. « Le marché n’était pas mûr il y a peu mais d’ici cinq ans, ce sera incontournable. Maintenant que les sauvegardes en ligne arrivent dans le grand public, les médecins vont s’y mettre ».

Une chose semble déjà certaine, la plupart des éditeurs vont proposer des versions Web.

Imagine Éditions en prépare une (en So-Saas, comprenez comme le Saas) pour la prochaine version (5.6) de son logiciel Hellodoc ainsi qu’un module Hellodoc Edition spéciale en ligne « Notre prochaine version Hellodoc 6 prévue en 2013 sera utilisable aussi bien sur un poste de travail fixe que par un accès Web » assure Marilyne Minault.

Cette tendance Web est également sensible chez des éditeurs de taille plus modeste comme Silk informatique. éO Médecin malgré sa diffusion limitée (800 clients) est un logiciel de recherche utilisantles recommandations de la SFTG (société de formation thérapeutique du généraliste). Certains utilisateurs ont déjà é0 Médecin web en test. C’est en fait une interface Web qui fonctionne sur un iPad en utilisant l’interface tactile mais en liaison avec l’ordinateur du cabinet. « Nous avons encore à sécuriser la liaison », explique Gaétan Berson, consultant en informatique médicale.

La tablette tactile, terminal Cloud par excellence (voir page 20 et 21) semble destinée à faire de plus en plus partie de l’univers médical. Pour son MediStory pour iPad en fin de développement, Thierry Kauffmann a prévu une sauvegarde en ligne pour les données chez un HDS et une plate-forme web communautaire de partage de travail où les utilisateurs mettront en commun ce qui peut les aider dans le suivi des patients et iront télécharger les outils nécessaires à partir de leur logiciel. Pour la télétransmission des FSE, l’iPad communiquera avec le service Moovcare de Sephira.

Marie-Françoise de Pange

Source : Informatique et Web