Dépistage des cancers gynécologiques

Sensibiliser les femmes

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Publié le 26/11/2018
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vaccination HPV

vaccination HPV
Crédit photo : Phanie

Imagyn (Initiative des malades atteintes de cancers gynécologiques) œuvre chaque jour en faveur d’un dépistage plus important des cancers gynécologiques afin d’en diminuer l’incidence en France. « Nous avons récemment mis en ligne une vidéo sur notre site (www.imagyn.org) et sur les réseaux sociaux pour inciter les femmes à consulter un médecin (et non pas à se faire examiner). Elles doivent se sentir plus libres d’aborder leurs soucis gynécologiques avec leur médecin. Nous essayons de les sensibiliser au fait que de petits symptômes qu’elles considèrent comme anodins peuvent être graves et liés à un cancer », affirme Brigitte Massicault, la présidente de l’association.

Améliorer le taux de vaccination HPV

En France, chaque année, 2 800 femmes sont atteintes du cancer du col de l’utérus, et 1 100 en décèdent alors même qu’il existe un vaccin préventif destiné aux adolescentes de 11 à 14 ans. La vaccination est en effet la meilleure protection contre les infections par papillomavirus humains (HPV), responsables de ce cancer. « Comparée à ses voisins européens, la France est à la traîne en matière de vaccination. Il existe une défiance de la part de la population qui nuit à la santé des femmes. La vaccination contre les HPV peut sauver des vies. Or, en France, son taux n’est que de 20 %, alors qu’au Royaume-Uni, où la vaccination n’est pas obligatoire mais organisée dans les écoles, 80 % de jeunes sont vaccinées, déplore Brigitte Massicault, pour qui il faut encore effectuer un important travail de sensibilisation de la population. En Australie, ce travail est largement accompli : le pays est en train d’éradiquer ce cancer grâce à l’importante couverture vaccinale des jeunes. »

Informer sur les symptômes précurseurs

Pour les cancers de l’endomètre et des ovaires, il n’existe pas de dépistage sûr, ni de vaccins préventifs. La seule solution est d’essayer de les détecter plus précocement en sensibilisant les femmes aux signes précurseurs tels que les douleurs abdominales persistant plus de quinze jours et résistant aux médicaments indiqués pour les troubles digestifs, les ballonnements, les troubles urinaires et les saignements après la ménopause. « Le problème, c’est que la femme a l’habitude de supporter les petites douleurs abdominales. De même, elle ne s’inquiète pas forcément en cas de saignements en dehors des règles. Or ces symptômes peuvent être les signes d’une tumeur déjà évoluée, difficile, voire impossible à soigner », souligne Brigitte Massicault.

Inciter à consulter

L’association souhaite également sensibiliser les femmes à la nécessité d’une consultation médicale régulière. « Les Français vont tous les ans chez leur dentiste, même s’ils n’ont pas mal, pour une visite de contrôle. Il faudrait que les femmes aient également le réflexe de voir un gynécologue ou une sage-femme chaque année pour un contrôle. Beaucoup désertent les cabinets des gynécologues après la quarantaine, n’ayant plus de désir ou de possibilité de grossesse », regrette Brigitte Massicault. D’autres cancers, tels ceux de la vulve et du vagin, sont plus rares. S’ils surviennent en général chez les personnes âgées, ils peuvent apparaître dès la quarantaine. « Saignements, irritations, douleurs lors des relations sexuelles peuvent en être les signes. Les jeunes femmes doivent également être sensibilisées aux risques de survenue de ces cancers et oser en parler avec leur médecin, notamment en cas de symptômes gynécologiques anormaux », conclut la présidente d’Imagyn.

D’après un entretien avec Brigitte Massicault, présidente de l’association Imagyn

Hélia Hakimi-Prévot

Source : Le Quotidien du médecin: 9705