Cinq tests, à 30, 35, 40, 50 et 60 ans

Un dépistage pionnier aux Pays-Bas

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Publié le 26/10/2017
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cancer du col

cancer du col
Crédit photo : Phanie

Les Pays-Bas, comme d’autres pays d’Europe du Nord, avaient mis en place il y a plus de 20 ans un dépistage du cancer du col organisé au niveau national, à destination des femmes âgées de 30 à 60 ans. « Jusqu’alors, les femmes étaient invitées à consulter leur médecin généraliste et à faire un frottis qui était adressé à un laboratoire central. Les résultats étaient ensuite envoyés au praticien et à la femme, rappelle le Pr Chris Meijer (Vrije universiteit medical center et directeur de Self-Screen bv, Pays-Bas). Ce dépistage était débuté à 30 ans, puis renouvelé tous les 5 ans jusqu’à 60 ans. Le taux de couverture était de l’ordre de 70 % ».

Après plusieurs années d’expérimentation dans le cadre du programme de dépistage et suite aux résultats de plusieurs études cliniques (cohortes de population POBASCAM et VUSA-screen, avec respectivement 45 000 et  25 000 femmes de 29 à 61 ans), les autorités néerlandaises ont donné leur feu vert pour modifier, début 2017, les modalités du dépistage, qui est désormais fondé sur la réalisation d’un test HPV (test COBAS HPV). Dans le nouveau programme, les femmes sont invitées à pratiquer le test à 30, 35, 40, 50 et 60 ans. Si le test est négatif, la femme sera rappelée pour le suivant. « C’est seulement si le test HPV est positif qu’un frottis cervico-utérin est réalisé, et la femme référée pour une colposcopie en cas d’anomalies cytologiques, indique le Pr Meijer. Si la cytologie est normale, un nouveau frottis est réalisé 6 mois plus tard. En effet, plusieurs modalités de triage des femmes avec test HPV positif et cytologie négative ont été évaluées dans des essais, et 6 mois est apparu comme le bon délai. Les femmes ayant un test HPV positif et un frottis normal initialement puis à 6 mois reçoivent une nouvelle invitation au dépistage 5 ans après. Pour elles, l’intervalle entre deux tests HPV reste donc de 5 ans, y compris lorsqu’elles ont entre 40 et 60 ans ».

Les femmes qui ne répondent pas à l’invitation au dépistage reçoivent une invitation à réaliser des frottis répétés, ainsi qu’une demande de kit d’autoprélèvement avec une enveloppe pré-affranchie. « Ainsi, la femme peut immédiatement choisir entre des frottis répétés ou un autoprélèvement réalisable à domicile », précise le Pr Meijer.

Meilleure sensibilité, autoprélèvement

Le rationnel scintifique de ce changement est que le frottis cervico-utérin a notamment pour limite sa faible sensibilité, avec des faux positifs et des faux négatifs. Le test HPV s’est montré plus sensible pour détecter les lésions CIN2+ et lorsqu’il est négatif, il est plus performant que le frottis pour protéger d’une évolution à 5 ans vers des lésions CIN 3 ou un cancer du col. Autre atout du test HPV : la possibilité de réaliser un autoprélèvement et donc d’accroître la proportion de femmes participant au dépistage.

De plus, ce nouveau mode de dépistage est moins onéreux que le précédent, en grande partie parce que les femmes ne sont invitées que 5 fois au lieu de 7 antérieurement, que le recours à l’autoprélèvement n’induit pas de dépenses de consultation médicale et que la plus grande sensibilité du test s’accompagne d’une baisse du nombre de femmes référées pour des investigations complémentaires.

« Bien sûr, le recours au test HPV implique de bien conduire le triage des femmes en cas de positivité », souligne le Pr Meijer. Il importe en effet de rappeler qu’un test HPV peut être transitoirement positif, mais que c’est l’infection persistante à HPV qui entraîne un risque de cancer du col. Les modalités du triage des femmes HPV positives vont certainement évoluer, car des marqueurs plus objectifs que la cytologie sont en cours d’évaluation. C’est en particulier le cas de marqueurs de la méthylation de l’ADN ou de l’expression des micro-ARN.

D’après un entretien avec le Pr Chris Meijer, Vrije universiteit medical center, Pays-Bas et directeur de Self-Screen bv

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du médecin: 9613