L'immunothérapie par les agents CTLA4, anti-PD1 et PD1 dans le traitement du cancer est susceptible de conduire à une suractivation du système immunitaire et à l'exacerbation et/ou l'induction de maladies rhumatologiques auto-immunes qui peuvent conduire à l'arrêt du traitement. Jusqu’à présent, il n'existe que de rares données d’où l’intérêt de ces communications où des rhumatologues ont fait part de leur expérience.
56% des patients ont développé une pathologie rhumatologique
L'étude rétrospective du Dr Cassandra Calabrese (Ohio, États-Unis) [1] a permis d’observer 19 patients dont 16 indemnes au préalable de toute maladie auto immune, de février 2015 à décembre 2016. Dans le groupe de patients indemnes, 56 % d’entre eux ont développé une pathologie rhumatologique de type polyarthrite, syndrome de Sjogren, ou pseudo-polyarthrite rhizomélique dans les 4 mois suivant l'initiation de l'immunothérapie. Les patients étaient traités pour des mélanomes, des cancers rénaux ou bronchopulmonaires. Les agents utilisés étaient l’ipilimumab, le nivolimumab, plus rarement l'atezolizumab ou le tremelimumab et le durvalumab. Dans plus de la moitié des cas, l'amélioration a été significative, en particulier sous corticoïdes. Quelques patients ont eu besoin de méthotrexate et/ ou d'un anti-TNF.
Les symptômes rhumatologiques ne cessaient pas forcément à l'arrêt de l'immunothérapie. « Quelques patients qui avaient arrêté depuis un an, avaient encore des symptômes ce qui signifie qu'il s'agit d'un effet à long terme », a souligné le Dr Calabrese.
La Dr Rakiba Belkir (Kremlin-Bicêtre) a rapporté quant à elle, les résultats de l’enquête du Club rhumatismes et inflammation (CRI) [2] qui montrent six observations de développement d'une polyarthrite de type rhumatoïde séropositive après administration d'anti-PD1 (nivolumab, pembrolizumab). Les patients étaient traités pour un mélanome, un adénocarcinome pulmonaire ou un cancer gynécologique.
L'évolution a été favorable après corticothérapie et dans trois cas après administration d'hydroxychloroquine ou de méthotrexate. Tous les patients avaient des anticorps anti-CCP positifs dont trois à des taux très élevés.
Ce n’est que le début des observations… Les études cliniques vont se développer ainsi qu’une nécessaire collaboration rhumatologues et oncologues.
Calabrese C et al. Rheumatic immune related adverse events of checkpoint therapy for cancer : case series of an emerging nosologic entity. Abstract n° 0003
Belkir R et al. Rheumatoid arthritis occuring after immune checkpoint inhibitors. Abstract n° OP 0004
Article précédent
Biothérapies et risque de cancer
Article suivant
Une influence fréquente
Un transfert placentaire minime du certolizumab
Comorbidités, douleur… ne pas les oublier
Vers une évolution de stratégie thérapeutique dans les uvéites NINA
L'inflammation précoce prédit la progression
Biothérapies et risque de cancer
Quel lien ?
Une influence fréquente
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024