Maladies inflammatoires et grossesse

Un transfert placentaire minime du certolizumab

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Publié le 06/07/2017
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grossesse et médicament

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Avec les anti-TNF qui ont constitué une grande avancée dans le traitement des maladies inflammatoires, de plus en plus de femmes sont en rémission et souhaitent avoir un enfant. En effet, une forte activité de la maladie (DAS 28 élevé) constitue un risque d’infertilité et de complications pendant la grossesse chez ces patientes. De même, les corticoïdes peuvent être responsables de nombreux effets secondaires pendant la grossesse. Une étroite collaboration entre gynécologues et rhumatologues est nécessaire lorsqu’un projet de grossesse est envisagé.

Pendant la grossesse, la moitié des femmes voient leur PR s’améliorer, mais les autres ont encore besoin d’un traitement. « Les anti-TNF constituent une option thérapeutique, mais la plupart traversent le placenta et leur administration est souvent interrompue durant la grossesse », explique le Pr Xavier Mariette (hôpital Bicêtre), auteur principal de l’étude CRIB (1). Cimzia (certolizumab pegol, CZP) est le seul anti-TNF pegylé sans fragment Fc et cette structure devrait éviter le passage transplacentaire. Les résultats de l'étude CRIB confirment cette hypothèse et montrent que le transfert placentaire de la molécule, de la mère au fœtus pendant le deuxième et le troisième trimestre de la grossesse est minime voire nul. Pour obtenir ces résultats, une technique d'immunodosage par électrochimiluminescence, 10 fois plus sensible que les tests utilisés habituellement, a été conçue pour mesurer le CZP.

Des données rassurantes sur l'utilisation du CZP pendant la grossesse

Seize femmes (≥ 30 semaines de grossesse) qui recevaient déjà du Cimzia (11 pour PR, 3 maladie de Crohn, 1 rhumatisme psoriasique et 1 spondylarthrite axiale) ont été suivies. Des échantillons sanguins ont été prélevés dans le cordon ombilical et chez leur nouveau-né au moment de l'accouchement, puis à 4 et 8 semaines de vie chez le bébé. Aucune concentration mesurable n’a été détecté dans 13 des 14 échantillons sanguins des nouveau-nés à la naissance, ni dans aucun des échantillons prélèves à 4 et à 8 semaines. Chez Un nouveau-né à la naissance et dans trois échantillons de cordon ombilical, il existait un très faible taux de médicament ( rapport de 1/1 000 par rapport à la concentration chez la mère). Aucun anticorps anti-certolizumab pegol n'a été détecté chez les mères. Ces données sont rassurantes quant à la poursuite du traitement par CZP chez les femmes enceintes. 

Une autre étude (CRADLE) montre également que le passage du CZP est considéré comme nul ou minime du plasma vers le lait maternel.

Pour rappel, le RCP de Cimzia mentionne qu’il « n’est pas recommandé pendant la grossesse » et que « la décision doit être prise, soit de poursuivre/d’arrêter l’allaitement, soit de poursuivre/d’arrêter le traitement par Cimzia, en tenant compte du bénéfice de l’allaitement pour l’enfant et du bénéfice du traitement par Cimzia pour la mère. Ces deux études pourraient permettre une évolution de ce RCP », conclut le Pr Xavier Mariette.

D’après le symposium «The journey to motherhood in chronic rheumatic disease » organisé par UCB.
Mariette X et al Lack of placental transfer of certolizumab pegol during pregrancy : results from CRIB, a prospective, post-marketing, multicenter, pharmacokinetic study. Abstract n°OP 0017

Christine Fallet

Source : Le Quotidien du médecin: 9595