Une étude suédoise (1) s’est intéressée au risque de récidive de tumeurs solides, en excluant les cancers cutanés, chez des patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde (PR) et sous traitement anti-TNF.
61 950 sujets ayant une PR ont été identifiés dans le registre national suédois des soins ambulatoires. Parmi eux, 446 sujets avaient eu un diagnostic de cancer (depuis plus de six mois) avant de commencer le traitement anti-TNF. Ils ont été comparés à un groupe contrôle de 1 278 patients ayant également eu un cancer récent de même type et stade (invasif/in situ), sans traitement biologique. Le traitement anti-TNF était en moyenne commencé 9,9 ans après le diagnostic de cancer et 9,5 ans dans le groupe contrôle, sans traitement biologique. Le suivi moyen des deux groupes a été respectivement de 4,9 ans et 4,1 ans. La distribution des stades de cancer était similaire dans les deux groupes, à part pour le stade IV (0,6 % parmi les patients traités par anti-TNF et 1,6 % parmi les patients contrôles).
Un risque équivalent de récidive tumorale avec les biothérapies
30 sujets (7 %) parmi les 446 patients traités par anti-TNF ont développé une récidive de cancer (taux d’incidence brut égal à 14/1 000 patients/années) par comparaison aux 89 patients (7 %) du groupe non traités par anti-TNF (soit 17/1 000 patients/années). Cela correspond à un hazard ratio ajusté de 0,69 (IC 95 % 0,42-1,12) pour la récidive de cancer. Il n’y a pas de différence en fonction du recul du diagnostic de cancer : le hazard ratio pour les patients traités par anti-TNF dans les 5 ans après le diagnostic de cancer est le même 0,67 (0,31-1,44) qu’après 9 ans ou plus. Les données concernant des sujets ayant un cancer très récent ou de mauvais pronostic restent encore inconnues.
À partir, du même registre, une autre équipe suédoise (2) en plus du risque potentiel de cancer lié à l’utilisation des anti-TNF chez des patients PR (sans antécédent de cancer) a également étudié le risque des autres biothérapies : tocilizumab, abatacept ou rituximab qui jusqu’à présent n’a pas été beaucoup évalué. Six groupes ont ainsi été comparés : patients sous tocilizumab (n =1 408), patients sous abatacept (n =1 565), patients sous rituximab (n =2 793), patients sous anti-TNF en première ligne (n =9 355), patients sous anti-TNF en deuxième ligne (n =3 610) et patients traités par DMARDs (disease modifying anti-rheumatic drugs) conventionnels. Les patients ont été suivis de janvier 2006 à décembre 2014.
Les résultats montrent qu’en pratique clinique, le risque de présenter une tumeur solide ou hématologique, en excluant les cancers cutanés hors mélanome, n’était pas significativement différent que les patients PR soient traités par une biothérapie ou par un DMARD (population de référence).
Raaschou P et al. TNF inhibitor treatment and risk of cancer recurrence in patients with rheumatoid arthritis : a nationwide cohort study from Sweden Abstract n° OP 0308H. Wadström et al. Overall cancer risk in patients with rheumatoid arthritis treated with anti-TNF, tocilizumab, abatacept ou rituximab. Abstract n° OP0100.
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