Le 1er octobre dernier, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié une évaluation des risques sanitaires liés aux boissons énergisantes de type Red Bull, Monster ou Burn. Cette évaluation a débouché sur deux messages clé. Tout d’abord, l’agence recommande d’éviter la consommation de boissons énergisantes en association avec l’alcool ou lors d‘un exercice physique. Ensuite, d’être particulièrement attentifs aux apports en caféine chez certains consommateurs, comme les femmes enceintes (risque de retard de croissance du fœtus) ou allaitantes (passage de caféine dans le lait), les enfants et adolescents (troubles du sommeil, somnolence diurne...), les personnes atteintes de maladies cardio-vasculaires, d’épilepsie, d’insuffisance rénale ou de maladie hépatique.
Une taxe et des mentions obligatoires
Ces mises en gardes ont été entendues par les députés qui, le 15 octobre dernier, ont voté en commission la création d’une taxe sur les boissons énergisantes à hauteur d’un euro par litre. Soit 33 centimes par canette. Un vote confirmé mercredi dernier en séance plénière par les députés. Cet amendement avait été proposé par Gérard Bapt (député PS de la Haute-Garonne) qui, après avoir été censuré par le Conseil Constitutionnel sur un amendement similaire l’an dernier, est revenu à la charge avec des arguments de poids, le rapport de l’Anses évaluant précisément les effets secondaires de ces boissons.
Autre mesure coercitive : fin 2014, pour avertir de la nocivité des boissons énergisantes, il est prévu de rendre obligatoire une mention sur les boissons à teneur supérieure à 150 mg/L en caféine du type « teneur élevée en caféine, déconseillé aux enfants et aux femmes enceintes ou allaitantes » suivie de la teneur en caféine.
Dans le détail du rapport, l’Anses a recensé plus de 200 cas d’effets secondaires dont seulement 12% (soit 25 cas) considérés comme imputables à ces boissons, ont été analysés. Pour rappel, les boissons énergisantes renferment diverses substances (caféine, taurine, D-glucuronolactone…). Elles ont pour point commun leur forte teneur en caféine (correspondant à deux expressos pour une canette de 250 ml), ce qui, pour l’Anses, explique la majeure partie des effets secondaires observés.
Le plus spectaculaire de ces effets est la crise cardiaque. Huit cas d’arrêt cardiaque ont été rapportés en France dont un seul pour lequel l’imputabilité des boissons a été jugée très vraisemblable. Il s’agit d’une jeune fille de 16 ans, décédée en discothèque après avoir dansé et consommé un mélange de boisson énergisante et d’alcool. Le rapport d’autopsie a évoqué une dysfonction du rythme cardiaque.
L’Anses considère que les arrêts cardiaques signalés ou rapportés dans la littérature surviendraient chez des sujets génétiquement prédisposés, atteints de canalopathies, pathologies fréquentes (1 cas sur 1?000), en général asymptomatiques et non diagnostiquées.
D’autres effets secondaires ont été recensés : de type cardiovasculaire (sensation d’oppression, douleurs thoraciques, tachycardie, hypertension artérielle…), mais aussi irritabilité, nervosité, anxiété, épilepsie. « Ils correspondent à des effets couramment observés après une prise trop importante de caféine », indique l’Anses. Il y a de quoi s’inquiéter car la surconsommation de caféine est fréquente en France : une étude a montré que 30% des adultes dépassent le seuil retenu comme générateur d’anxiété (correspondant à 6 expressos par jour chez l’adulte), mais aussi 11% des enfants de 3 à 10 ans et 7% des 11-14 ans sont au-dessus du seuil de déclenchement du syndrome de sevrage à la caféine.
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