Les omégas 3 sont-ils bons pour le cœur, pour la cognition ou en prévention du cancer ? Ces derniers temps, il est difficile de s’y retrouver tant les études sont contradictoires. Les unes montrent leurs bénéfices en prévention secondaire, voire primaire, les autres les réfutent. Alors que conclure? « Avant tout, n`oublions pas que les omégas 3 sont, comme les vitamines, des nutriments essentiels au corps humain. C’est pourquoi il existe des apports nutritionnels conseillés définis en omégas 3, qui sont de 500 mg par jour pour les seuls EPA+DHA (qui peuvent être apportés par deux portions par semaine de poisson gras) et 1% de l'énergie du régime pour le précurseur alpha-linolénique, chez un individu normal. De plus, les apports sont cruciaux aux premiers âges de la vie sur le plan de l’apprentissage cérébral et afin d’optimiser l'électrorétinogramme », explique le Pr Philippe Legrand (INRA, Agrocampus Ouest, Rennes). La question n’est donc pas de savoir si les omégas 3 sont bons ou mauvais pour la santé. Ils sont essentiels, et la population française est en déficit de ces éléments (elle est à moins de la moitié en acide alpha-linolénique végétal).
Des bénéfices préventifs ?
Ceci dit, on peut se demander si les omégas 3 peuvent apporter des bénéfices additionnels en prévention. Là, les choses se compliquent. Dans la communauté scientifique, leur bénéfice en prévention secondaire du risque cardiovasculaire – dans l’arythmie et la mort subite – est admis. Cela est bien démontré in vitro ou chez l’animal, mais moins chez l’homme. Dans la méta-analyse de Rizos (Jama, 2012), aucun bénéfice des omegas 3 sur le plan cardiovasculaire ne ressort. Mais,
« en reprenant les données, on note une différence entre les études pré- et post-statines », évoque Philippe Legrand qui conclut que « l’efficacité des omegas 3 pourrait être masquée par la force des statines ».
Côté cancer, plus de 1500 publications chez l’animal montrent que une supplémentation en EPA/DHA réduit la croissance tumorale. Rien n’est démontré chez l’homme, mais les études ont toutes été réalisées chez des patients cancéreux et non pas chez l’homme sain. Ce qui pourrait être trop tard pour que les omégas 3 aient un impact.
Sur le plan cognitif, l’effet préventif des omégas 3 n’est pas net là encore. « Dans l’Alzheimer, les résultats ne sont pas concluants. Mais comme les lésions cérébrales se développent 20 ans avant l’apparition des symptômes, la supplémentation dans les essais réalisés jusqu’ici arrive sans doute trop tard pour inverser la neurodégérescence, par essence largement irréversible, explique Cécilia Samieri (INSERM U897, université de Bordeaux). En revanche, les études observationnelles et les analyses secondaires de quelques essais démontrent un effet des omégas 3 quand on agit plus en amont chez les patients atteints de troubles cognitifs légers ».
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