À quoi ont servi les URPS ?

Dans les Hauts-de-France, des attachés d'information pour parler à l'oreille des médecins

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Publié le 26/02/2021
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À un mois des élections en médecine libérale, « Le Quotidien » poursuit son tour de France des URPS, en présentant dans chaque région un projet emblématique. Zoom sur les Hauts-de-France où des « attachés d'information » abordent avec les praticiens volontaires des priorités de santé publique ou des questions pratiques.

Crédit photo : DR

Coordonnées d'un service d'aide aux patients, présentation des ressources liées au handicap, informations sur un centre de référence… Les médecins ont en permanence besoin d'informations pratiques. C'est pour les aider à gagner un temps précieux que l'URPS ML Hauts-de-France a financé un service inédit. 

Depuis plusieurs années déjà, l'Union emploie quatre « attachés d'informations ». Sami Yacoub est le coordinateur de cette équipe qui rend visite aux médecins volontaires. « Les missions sont choisies avec l'ARS pour aborder un thème comme l'antibiorésistance, sensibiliser les médecins à tel problème de santé publique ou pour les informer sur des services de proximité comme le service d'aide aux patients atteints de maladie de Parkinson ou de SEP », précise-t-il.

Le contenu de chaque mission est élaboré avec le médecin élu de l'URPS, responsable du pôle prévention, promotion de la santé et éducation thérapeutique. Ces missi dominici sont formés par un professionnel référent – infectiologue, neurologue, etc. « C'est une journée complète avec le médecin référent pour l'antibiorésistance, sans compter la séance de training », illustre Sami Yacoub. Une fois la formation achevée, chaque attaché d'information peut prendre rendez-vous avec les médecins libéraux volontaires du secteur pour un échange sur leur lieu d'exercice.

Comment se déroule la visite ? Sur l'antibiorésistance par exemple, l'attaché expose l'impact national et régional à la lumière de données épidémiologiques. Il cherche aussi à savoir comment le praticien aborde ce sujet avec ses patients. « Nous présentons des outils concrets comme le site Antibioclic, qui permet de s'assurer de la bonne prescription, ou le centre d'infectiologie des Hauts-de-France qui permet d'accéder à un infectiologue au téléphone pour des questions plus poussées », explique le coordinateur. « L'attaché est là pour apporter une information, cadre le Dr Vincent Couvreur, élu URPS, président de la commission prévention, promotion de la santé et éducation thérapeutique. S'il y a des questions scientifiques pointues, on les adresse à nos élus ou à des médecins référents ». La durée de la visite est variable – de 20 minutes jusqu'à une heure.

Pas de flicage

Cette action se veut indépendante de l’industrie pharmaceutique et dissociée des délégués de l’Assurance-maladie. Selon l'URPS ML, chaque assistant rencontre en moyenne 600 médecins par an. Globalement, 20 % des praticiens sollicités refusent ces visites, notamment par manque de temps. Un rapport de contact permet de remonter les remarques qualitatives des médecins accompagnés. Pour le Dr Couvreur, l'objectif est que « le médecin ait accès à toutes les ressources du secteur pour une meilleure prise en charge du patient ». « On n'est pas là pour faire du flicage », affirme le généraliste à Masnières (Nord).

Généraliste depuis 34 ans à Thiescourt (Oise), le Dr Jean-Pierre Vaucher accueille avec bienveillance cette initiative de l'URPS ML. Si bien qu'il a reçu déjà trois fois la visite de l'attaché d'information. Le dernier rendez-vous portait sur les violences conjugales. « C'est un problème de société auquel je suis confronté dans mon exercice. J'ai un annuaire, des outils et l'assistant d'information m'aide à mettre à jour les modalités d'aide et d'écoute de ces personnes », témoigne le médecin. Installé seul dans son cabinet, le Dr Vaucher estime que cette visite permet aussi de rompre l'isolement professionnel, qui s'est aggravé depuis la crise sanitaire. « J'encourage ce type d'initiatives, avance-t-il, à condition que cela ne soit pas trop chronophage ».

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin