À quoi ont servi les URPS ?

En Auvergne-Rhône-Alpes, le carnet de vaccination électronique cartonne

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Publié le 05/02/2021
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À quelques semaines des élections professionnelles en médecine libérale, « Le Quotidien » poursuit son tour de France des URPS, en présentant dans chaque région un projet emblématique. Zoom sur Auvergne-Rhône-Alpes qui a misé dès 2014 sur le carnet de vaccination électronique (CVE).

Au centre de vaccination de Gerland

Au centre de vaccination de Gerland
Crédit photo : Dr Garrigou-Grandchamp

Lancé dès 2014 en Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre de l’expérimentation « Territoire de soins numérique » (TSN), le carnet de vaccination électronique (CVE) a été proposé par l’URPS ML à l’ensemble des médecins libéraux de la région, où il est désormais utilisé dans le cadre de la vaccination contre le Covid-19.

« En 2014, la région Auvergne-Rhône-Alpes a été tirée au sort pour participer à l’expérimentation Territoire de soins numérique, qui permettait de lancer des projets informatiques dans les hôpitaux, se souvient le Dr Pierre-Jean Ternamian, président de l’URPS médecins libéraux. Nous avons réfléchi avec l’agence régionale de santé et décidé de développer un carnet de vaccination électronique, en partant d’une idée développée en Nouvelle-Aquitaine »« Et pour obtenir une meilleure adhésion de la population à la vaccination, nous avons conclu qu’il fallait avoir un outil mobile », poursuit-il. 

Historique vaccinal et intelligence artificielle

C’est ainsi qu’est née la version mobile du site Mesvaccins.net, entièrement financée par l’URPS ML. « De cette façon, la gouvernance de cette version mobile appartient à l’URPS », insiste le Dr Ternamian. Le système a été proposé gratuitement à l’ensemble des médecins libéraux de la région. « C’est le seul outil où on peut voir la totalité des vaccins passés et présents », se félicite le radiologue de Lyon.

Généraliste dans la capitale des Gaules, le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp a été bêta-testeur depuis 2014 et ne tarit pas d'éloges, jugeant l'outil « extrêmement performant »« Quand on ouvre un carnet de vaccination électronique, le patient a un login et un mot de passe pour se connecter. Il peut entrer lui-même ses vaccinations dans la base et il suffit ensuite qu’elles soient validées par un médecin », explique-t-il. Le patient dispose également d’un code de partage pour qu’un médecin autre que son praticien habituel ou pharmacien puisse accéder à cet outil. « En six ans d’utilisation, je n’ai jamais été en panne, même vis-à-vis de vaccins étrangers, assure-t-il. L’outil est associé à un moteur d’intelligence artificielle qui me propose la meilleure stratégie de vaccination pour les patients et les relance lorsqu’un rappel est nécessaire. On peut éditer le registre de vaccination du patient en pdf et l’intégrer dans notre logiciel métier. Je l’utilise sur mobile et sur ordinateur. Grâce au smartphone, je peux flasher le code Datamatrix de la boîte et entrer les données du vaccin automatiquement. Cela évite les erreurs qui découleraient d’une saisie manuelle », s'enthousiasme le Dr Garrigou-Grandchamp.

Module de pharmacovigilance

Le carnet de vaccination électronique intègre aussi un module de pharmacovigilance, primé au Parlement européen de la santé en 2018, permettant l'identification des effets indésirables graves. « Nous avions proposé à la CNAM d’intégrer cet outil dans le DMP mais le responsable nommé pour s’en occuper est parti à la retraite », regrette le président de l’URPS médecins libéraux. En prévision de la vaccination anti-Covid, ce module de pharmacovigilance a été développé. « Il nous suffit de saisir les effets secondaires grâce à des menus déroulants et à un système de pastille », détaille le Dr Garrigou-Grandchamp.

À la tête de l'URPS, le Dr Ternamian se désole que le gouvernement n’ait pas choisi cet outil déjà fonctionnel pour enregistrer et suivre les vaccins anti-Covid, à l'heure d'une campagne massive qui suppose de combattre la défiance vaccinale. « Nous avions interpellé Castex et Véran dès avril 2020 pour que Mesvaccins.net soit choisi comme outil dans la vaccination anti-Covid, puis à nouveau mi-août, sans succès, explique le radiologue. Il a fallu attendre mi-novembre pour avoir une réunion sur SI-VAC. Nous avons la sensation désagréable que la CNAM a réinventé l’eau chaude alors qu’elle avait un outil déjà tout prêt. Mais on est à la croisée des chemins, on a encore une fenêtre de tir pour déployer massivement le CVE quand plusieurs vaccins seront là au printemps… ». À ce jour,  environ un million de carnets de vaccination électronique sont recensés au niveau national. 

De notre correspondante  Anne-Gaëlle Moulun

Source : Le Quotidien du médecin