À quoi ont servi les URPS ?

Dans le Grand Est, une alternative libérale aux urgences

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Publié le 15/01/2021
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À quelques semaines des élections professionnelles en médecine libérale, « Le Quotidien » entame un tour de France des URPS, en présentant – dans chaque région – un projet concret emblématique. Dans ce numéro, zoom sur le Grand Est qui a l'ambition de désengorger les urgences grâce à une filière libérale de prise en charge des soins non programmés en journée, grâce à une solution technologique légère.
Le patient peut joindre un médecin régulateur libéral via un numéro gratuit

Le patient peut joindre un médecin régulateur libéral via un numéro gratuit
Crédit photo : PHANIE

« Entr'Actes, c'est notre projet phare », résume sans hésitation le Dr Guilaine Kieffer-Desgrippes, présidente de l'URPS médecins libéraux Grand Est. Soutenue par l'agence régionale de santé (ARS), l'Union a lancé fin 2018 le service « Un médecin 116 117 », initiative inédite pour désengorger les urgences hospitalières en facilitant la prise en charge des soins non programmés en journée.

Le dispositif s'articule autour d'une appli mobile et d'une plateforme de suivi, indépendante du Centre 15, accessible du lundi au vendredi de 8 heures à 20 heures. En cas d'urgence ressentie, le patient peut joindre un médecin régulateur libéral via le numéro gratuit 116 117. « Ce dernier examine sa demande et, si cela s’avère nécessaire, envoie une notification sur le mobile des confrères libéraux volontaires, équipés de l'application dédiée et gratuite, dénommée Entr'Actes », précise la généraliste de Strasbourg.

À condition qu'il ait téléchargé l'appli, c'est le médecin traitant du patient qui reçoit en priorité la notification. En cas d’indisponibilité, « le premier médecin volontaire qui répond positivement à la sollicitation se voit attribuer la consultation imprévue », décrit le Dr Kieffer-Desgrippes. Le médecin traitant reçoit également, avec l'accord du patient, le compte rendu de la consultation.

Intéressement de 15 euros par acte

L'adhésion au dispositif est basée sur le volontariat, sans contrainte de participation minimale ni de créneau horaire. En guise d'incitation, l'URPS verse un intéressement de 15 euros par acte (13 euros en fin de mois auxquels s'ajoutent 2 euros en fin d'année).

Le Bas-Rhin a été le premier département à expérimenter cette régulation médicale libérale en journée dès 2019 ; le dispositif a séduit 50 praticiens régulateurs libéraux. Ils traitent « en moyenne 60 appels » par jour dont « 60 % se transforment en conseils et 40 % font l'objet d'une sollicitation par l'appli Entr'Actes », détaille la présidente de l'URPS. Et sur le terrain, quelque 260 généralistes effecteurs se sont abonnés à la plateforme, soit à peu près 20 % des généralistes du département.

Le Dr Pascal Meyvaert en fait partie. Installé depuis 20 ans à Gerstheim, à une vingtaine de km de Strasbourg, le médecin apprécie l'outil et cette filière libérale. L'appli permet de « reprendre la main sur des actes de médecine générale qui ne nécessitent pas d'intervention hospitalière et de changer les comportements des patients qui font moins de recours aux urgences ». L'innovation n'a pas non plus modifié l'organisation de son activité au cabinet. « J'ai en moyenne deux demandes par mois et je peux accepter la consultation au fil de l'eau. En tout cas, c'est un véritable service rendu aux patients qu'il faut promouvoir partout », plaide-t-il.

Quelle place pour le SAS ?

Mais demain ? L'URPS-ML ne voit pas du tout d'un bon œil la mise en place du futur service d'accès aux soins universel (SAS) doté d'un numéro unique, avec une répartition incertaine des rôles entre libéraux et hospitaliers. C'est une « aberration », juge carrément le Dr Kieffer-Desgrippes. « Le SAS risque d'écraser le 116 117. On va ajouter des assistants de régulation qui vont être obligés de faire le tri avec une grille décisionnelle en 30 secondes. À la moindre hésitation, ces assistants vont basculer les appels vers l'hôpital au détriment de la ville », se désole la généraliste.

Convaincue de la pertinence de son modèle libéral, l'URPS-ML veut continuer à promouvoir sa plateforme en s'appuyant sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) dont l'une des missions est justement la prise en charge des soins non programmés. 

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin