À quoi ont servi les URPS ?

En Bourgogne-Franche-Comté, une appli pour mieux gérer les crises sanitaires

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Publié le 09/04/2021
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Alors que le vote pour les élections chez les médecins libéraux vient de s’achever, le « Quotidien » termine son tour de France des URPS. Les élus y ont développé une application d’alerte sanitaire, qui a trouvé sa pleine illustration avec le Covid.
151 alertes Covid ont été envoyées entre janvier et décembre 2020

151 alertes Covid ont été envoyées entre janvier et décembre 2020
Crédit photo : DR

En décidant de créer une solution dédiée aux crises sanitaires – baptisée Lib-Orsan – au début de sa mandature à la tête de l’URPS ML de Bourgogne-Franche-Comté, le Dr Eric Blondet ne pensait pas qu’une épidémie de coronavirus allait débarquer et s’installer durablement en France.

« Au départ, j’avais plutôt en tête les attentats, car c’était juste après ceux du Bataclan à Paris, et quelques mois avant Nice, se souvient le président de l’URPS ML, neurochirurgien et ancien médecin militaire. Je me disais qu’il fallait réfléchir à la place des médecins libéraux dans la gestion des crises sanitaires, car souvent ils n’étaient pas informés ni intégrés. On ne part pas en guerre avec la moitié des troupes ! »

Après un séminaire consacré à la gestion des attentats, organisé en mars 2017, l’URPS décide de se lancer dans le développement d’un outil dédié à la transmission d’informations et permettant de solliciter rapidement des renforts libéraux.

Fin 2019, l’application Lib-Orsan voit le jour. Elle se décline en plusieurs volets : l’intégration de l’offre de soins libérale à la gestion de crise (52 % des actes et des capacités hospitalières relèvent du secteur privé ou libéral dans la région) ; une communication sécurisée, basée sur le numéro RPPS, lors de la survenue d’un événement ; des notifications push et des alertes SMS en cas d’urgence (épidémie, attentats, accidents de la route), avec un ciblage territorial possible.

Près de 1 500 abonnés

L’outil est officiellement lancé fin janvier 2020, un peu plus tôt que prévu alors que l’épidémie commence à arriver sur le territoire français et qu’une cellule de crise se met en place au sein de l’Union régionale. Très vite, les praticiens libéraux y trouvent leur compte. Dans les trois premières semaines, 1 300 médecins s’y abonnent.

Dans son bilan de mandature publié en fin d’année, l’URPS recense, au 1er décembre 2020, 1 446 abonnés à Lib-Orsan – dont 953 généralistes, 342 médecins d’autres spécialités et plus d’une centaine d’autres professionnels (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, pharmaciens…), en quasi-totalité originaires de la région.

Pas moins de 151 alertes Covid ont été envoyées entre janvier et décembre 2020. « Parmi les retours des médecins que j’ai eus, beaucoup ont mis en avant la qualité des informations recensées. Beaucoup s’en sont servis au quotidien dans leurs consultations pour s’assurer de la conduite à tenir au début de la crise », se félicite le Dr Blondet.

Réquisitions de matériel, suivi de tests

Médecin généraliste dans le Doubs, le Dr Christine Bertin-Belot, élue au bureau de l’URPS, partage ce constat. « L’appli nous permet de suivre toutes les informations envoyées par la DGS et, en tant qu’élus, elle nous a servi à partager avec les médecins les réquisitions de matériel faites au début de la crise et leur distribution, le suivi des tests, de patients positifs ou encore aujourd’hui le nombre de vaccins », explique-t-elle.

Chargée d’une distribution de masques dans son département, le Dr Bertin-Belot se rappelle avoir signalé un message sur Lib-Orsan pour prévenir les médecins d’un stock restant. « En quelques heures, plus de 100 libéraux sont venus pour en récupérer », souligne la généraliste homéopathe.

Au total, quelques dizaines de milliers d’euros ont été investis dans cette appli (sur les quelque 200 000 euros investis dans la gestion de la crise Covid). « Finalement, cet outil a prouvé toute son utilité. Reste à développer le volet de formation et d’acculturation aux crises, sur lequel notre réflexion initiale s’était également portée, vise le Dr Eric Blondet. Il n’existe pas dans notre formation initiale et est resté en stand-by pour l’instant. »

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin