À quoi ont servi les URPS ?

En Pays de la Loire, la cotation d'actes techniques devient un jeu d'enfants pour les généralistes

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Publié le 12/03/2021
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À moins de trois semaines des élections en médecine libérale, « Le Quotidien » poursuit son tour de France des URPS en présentant dans chaque région un projet emblématique. Zoom sur les Pays de la Loire où un outil fiable et gratuit d'aide à la cotation de l'ensemble des actes – OMNIPrat – simplifie l'exercice des généralistes et les incite à pratiquer les gestes techniques.

Crédit photo : PHANIE

MCG, ALQP003, JKHD001 La cotation des actes en médecine générale n'est pas une sinécure et, selon les syndicats, occasionne une perte significative de chiffre d'affaires. Confrontés à la complexité des nomenclatures d'actes NGAP (nomenclature générale des actes professionnels) et CCAM (classification commune des actes médicaux), nombre de médecins traitants renoncent notamment à pratiquer des actes techniques pourtant autorisés dans la discipline. D'où l'idée d'un outil fiable et complet d’aide à la cotation qui s’appuie sur les dernières versions des nomenclatures avec les tarifs conventionnels dévolus aux médecins généralistes de secteur I.

Méconnaissance

Selon l'URPS ML, une thèse de novembre 2020 sur les actes simples de médecine générale corrobore ces difficultés et ces renoncements de cotation. Sur les quatre actes « courants » que sont la spirométrie, l'ECG, le bilan visuel et l'indice de pression systolique pour le patient diabétique, seulement une infime minorité de médecins sur 3 500 généralistes de la région ont coté au moins une fois ces quatre actes. « Il y a clairement une méconnaissance de la possibilité de pratiquer et de coter certains actes techniques », résume le Dr Laurent Pons, médecin généraliste, vice-président de l'URPS. Cette aide à la cotation adaptée vise à permettre aux médecins de recourir davantage à des gestes techniques « sans avoir l'impression d'être un fraudeur ».

L'outil en question s'appelle OMNIPrat*. Intuitif, ce guide de cotation a été lancé en 2019 par l'Union régionale en partenariat étroit avec l'Assurance-maladie. Formellement, le site* propose une cotation fiable et automatisée des actes à facturer – avec les possibles associations et cumuls – en fonction du contexte (type de soins, âge du patient, sexe, médecin traitant ou non, lieu, période, urgence/garde) et de la nature des soins (consultations/visites, sutures, dermatologie, Covid-19, orthopédie, échographie, etc.). « Il faut veiller à ce que le contexte coïncide avec la situation. Pour une suture de la main, le tarif peut varier fortement selon le temps passé et le matériel. On permet de toute façon une économie à l'Assurance-maladie car le patient ne va pas aux urgences. Cela vaut la peine », souligne le médecin élu.

OMNIPrat met aussi à disposition des médecins une trentaine de fiches pratiques médicales et administratives. « On se rend compte qu'en médecine générale, on a le droit d'associer beaucoup d'actes. On peut faire un frottis en visite ou un électrocardiogramme. En allant vers ces gestes techniques, on comprend que la consultation n'est qu'un outil de base pour le suivi du patient. »

272 pages de nomenclature

L'URPS a mis quatre ans pour proposer le site aux médecins. Les freins étaient de deux ordres. Défi technique d'abord : « On a passé des heures pour réfléchir comment associer les actes. La nomenclature qui fait 272 pages doit être traduite en algorithme, c'est complexe », poursuit le Dr Pons. Le second frein est d'ordre professionnel. « Dans les réunions, on m'a dit que j'étais allé trop loin, que mon site servait à faire gagner de l'argent. Ce n'est pas le cas ! OMNIPrat est un outil pour faire changer les pratiques. »

Ce projet qui bénéficie aux généralistes a été fortement soutenu par le Dr Jean-Baptiste Caillard, président de l'URPS ML. « En tant que cardiologue, mon rôle est de donner un avis d'expert complémentaire à celui du généraliste. Si on m'adresse un patient pour un électrocardiogramme, je n'ai pas d'expertise supplémentaire à donner ». Dans un contexte de démographie médicale déclinante des spécialistes, « il faut utiliser leur expertise quand on en a vraiment besoin. »

Le Dr Corentin Lacroix, généraliste utilisateur d'OMNIPrat, confirme les avantage de cet outil de cotation. Installé depuis trois ans dans le sud de Nantes, le médecin n'hésite plus à accomplir certains actes qu'il délaissait. « Je fais plus souvent les sutures, l'électrocardiogramme, l'évaluation de la dépression ou de la mémoire. J'envisage aussi de faire de la spirométrie. Et je passe moins de temps à facturer ! »

*OMNIPrat.org

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin