Carcinomes cutanés

Des agents prometteurs

Publié le 08/09/2011
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Crédit photo : PHANIE

LE CANCER basocellulaire est le plus commun dans des populations à la peau blanche. Son pronostic est généralement favorable et le principe thérapeutique est simple : éradication de la tumeur et maintien d’un résultat esthétique acceptable. Excision chirurgicale, chirurgie micrographique de Mosh, cryochirurgie, électrodessiccation, radiothérapie ainsi que divers agents pharmacologiques sont couramment recommandés, les modalités thérapeutiques étant adaptées au cas par cas.

Des avancées dans la compréhension de la pathogénie de ces cancers ont permis le développement de nouveaux agents. En effet, depuis 1996, on a démontré que les carcinomes basocellulaires étaient liés à une anomalie génétique responsable de l’altération d’une voie de signalisation cellulaire dite voie Hedgehog, aboutissant à l’activation d’une protéine dite SMO. D’où l’idée de développer des inhibiteurs de SMO. Des essais de phase I (1), ont été dirigés dans des carcinomes basocellulaires avancés ou métastatiques et ont révélé des résultats spectaculaires ; d’autres essais ont été menés chez des sujets à haut risque présentant une nævomatose génétique, ou syndrome de Gorlin. Des phases II sont en cours et des essais à des phases plus précoces vont être débutés. Des formes topiques sont en développement, ainsi que d’autres inhibiteurs de SMO. L’agent le plus prometteur a jusqu’ici été le vismodegib (ou GDC-0449) [1, 2].

Anti EGFR.

Quant aux carcinomes épidermoïdes, qui représentent environ 20 % des tumeurs cutanées non mélaniques, ils pourraient également bénéficier à l’avenir de thérapeutiques ciblées. En effet, bien qu’environ 95 % de ces cancers cutanés puissent être traités chirurgicalement ou par radiothérapie, certains évoluent défavorablement. La chimiothérapie (cisplatine, 5-fluorouracil, bléomycine, doxorubicine et paclitaxel) et l’immunothérapie (IFN-α) peuvent être efficaces mais avec des effets toxiques, notamment rénaux, chez des patients souvent âgés. Dans ce contexte, des thérapies ciblant essentiellement le récepteur à l’EGF (epithelial growth factor) sont en cours d’évaluation.

Une étude multicentrique française, présentée au congrès américain de l’ASCO en 2010, a montré des résultats intéressants avec un anti-EGFR en monothérapie (le cetuximab) chez des patients présentant des carcinomes épidermoïdes cutanés au stade métastatique, naïfs de chimiothérapie, avec un taux de réponse de 69 %. Le profil de tolérance est correct. Cette thérapie ciblée pourrait être envisagée en monothérapie chez les sujets âgés ou, également, associée à une radiothérapie ou une chimiothérapie.

Les données préliminaires suggèrent aussi une activité des anti-EGFR dans l’indication des carcinomes épidermoïdes inopérables. D’autres thérapies ciblées (Src, IGF, STAT-3, VEGFR) sont en cours d’étude dans les carcinomes épidermoïdes et pourraient constituer des approches thérapeutiques intéressantes.

D’après les communications du Pr Alexander Stratigos (Université d’Athènes) et du Dr Ève Maubec (Bichat-Claude Bernard, Paris)

(1) Von Hoff DD, LoRusso PM, Rudin CM et coll.Inhibition of the hedgehog pathway in advanced basal-cell carcinoma.Von Hoff and al. N Engl J Med. 2009; 361(12):1164-72. Epub 2009 Sep 2.

(2) Sekuliz and al. 7th EADO Congress, June 20-23, 2011.

 Dr Brigitte MARTIN

Source : Le Quotidien du Médecin: 9000