Les nouvelles recommandations de la HAS font des professionnels de santé, et en particulier les médecins généralistes, des partenaires privilégiés dans l’accompagnement des patients qui souhaitent arrêter de fumer. Près de 97 % des fumeurs n’arrivent pas à arrêter sans aide.
En plus du dépistage systématique auprès de tous les patients, la Haute Autorité préconise un conseil d’arrêt à tous les tabagiques. Et pas uniquement à ceux qui projettent de se sevrer. Le médecin doit alors proposer un suivi médical régulier dans le cadre de consultations dédiées. La stratégie d’arrêt comporte alors quatre étapes clé : dépister la consommation de tabac des patients, évaluer la dépendance et la motivation à l’arrêt, accompagner l’arrêt de manière efficace et proposer le meilleur suivi pour prévenir les rechutes
Entretien motivationnel
Si les traitements à base de nicotine restent indiqués en première intention, l’accompagnement psychologique en est le pendant indissociable. Sous ce terme, l’HAS entend un soutien psychologique associé à un renforcement motivationnel. Cette dernière pratique étant inspirée du modèle de Prochaska et Di Clemente, intégré aux thérapies cognitivo-comportementales (TCC). Les médecins généralistes n’étant pour la plupart pas formés à cette technique, l’HAS leur en donne les outils. Qui le souhaite peut désormais trouver tout un tas de conseils et d’algorithmes nécessaires à l’entretien motivationnel. « Pas sûr que ces recommandations soient faciles à appliquer », avise le Dr Xavier Deneux, médecin généraliste à Nantes. Habitué aux consultations dédiées à l’arrêt du tabac (au tarif d’une consultation standard), ce dernier préfère se référer à un spécialiste lorsqu’une psychothérapie est nécessaire. « La prise en charge du sevrage n’est pas facile. Cela nécessite du temps et de l’expérience. Je préfère passer la main si je ne suis pas compétent », avoue-t-il. Mais les psychologues n’étant pas remboursés et les psychiatres se faisant rares, la HAS veut inciter les médecins traitants à se former aux outils de TCC. Carte blanche est laissée au médecin, libre d’utiliser ou non ce qu’on lui propose. « À tout un chacun de savoir s’il a les épaules ou pas », relève le Dr Deneux.
Ni oui ni non.
Quant à l’utilisation de la cigarette électronique, l’HAS reste équivoque dans sa ligne de conduite. Ne pas décourager le patient qui s’en sert pour arrêter de fumer, mais ne pas la lui conseiller pour autant. Tout en l’informant que l’innocuité des produits n’a pas encore été prouvée. Même chose pour ceux qui seraient tentés par les thérapies alternatives (type hypnose, acupuncture, sport, etc.). La HAS prévient qu’aucune efficacité n’a été prouvée mais ne déconseille pas pour autant ces pratiques. Pour le Dr Xavier Deneux, si les recommandations de l’HAS sont peu standardisées, c’est que la prise en charge du sevrage tabagique se doit d’être « individualisée ». « Il n’y a pas de protocoles standards », ajoute-t-il. Toutefois une chose reste en suspens, qui ne relève pas de l’HAS mais du ministère de la Santé. Quid du tarif sécu des consultations dédiées ? Et de la tarification des TCC ? La mise en application des dernières recommandations HAS risque d’en dépendre…
Arrêter de fumer et ne pas rechuter : la recommandation HAS 2014, sur www.has-sante.fr
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