Nathalie Bajos (2) avait en 2012 insisté sur le fait que, contrairement à d’autres pays, le système contraceptif français était peu flexible. Si l’on se réfère au DIU, il est utilisé dans la plupart des cas après que le couple a eu les enfants programmés. En 2010, 21,4 % des femmes avaient recours à ce mode de contraception ; 1 % seulement avant 25 ans. Dans la tranche après 30 ans, elles étaient 30 %, mais 1 % seulement de nullipares. Dans ce cas, il s’agissait dans la majorité des cas de femmes ayant une contre-indication aux autres méthodes de contraception.
Pourquoi cette crainte ? Pour le Dr Danielle Hassoun, les idées « fausses » circulant à ce sujet sont responsables de cette réserve tant chez les femmes que chez leur médecin. Une étude récente (3)montre que pour 56 % des femmes, le DIU est contre-indiqué en cas de nulliparité. Pour 16 % d’entre-elles, il altérerait la fertilité. Chez les médecins, si les femmes le prescrivent plus que les hommes, 83 % restent persuadés d’un risque infectieux associé. Seulement 30 % le considère comme une bonne méthode de contraception. En 2004, l’ANAES (aujourd’hui Haute Autorité de santé) avait pourtant admis que le risque de stérilité tubaire n’était pas démontré même chez la nullipare (niveau de preuve 3) mais cet organisme avait mis en garde contre un risque pourtant très faible de GEU associé.
Pas d’antibioprohylaxie systématique
Le risque infectieux, la difficulté de la pose et la mauvaise tolérance sont les principaux risques redoutés.
Le risque infectieux dépend des pays et des risques d’IST associés. Il n’y a pas d’intérêt à dépister une IST, notamment à Chlamydia sauf chez les nullipares de moins de 25 ans ayant des partenaires multiples. L’antibioprophylaxie ne se justifie pas : pour l’OMS, les risques sont supérieurs aux bénéfices escomptés.
Aucune étude n’a retrouvé un lien entre DIU et stérilité tubaire. Très peu d’études se réfèrent à la douleur.
Le Dr Hassoun recommande la prescription d’anti-inflammatoire dans les heures qui précèdent et qui suivent la pose d’un DIU. Par contre l’usage d’un dilatateur du col ne se justifie pas. Les échecs de pose sont peu fréquents (4). Sur 198 femmes l’insertion par des seniors a été impossible chez 19 % de nullipares contre 14 % de multipares.
Les DIU au cuivre dits « shorts » semblent être mieux tolérés.
Le DIU au lenorgestrel (LNG) trouve son intérêt chez les jeunes femmes souffrant de dysménorrhées. En général, la tolérance d’un DIU est moins bonne chez les 15-19 ans que chez les 24-44 ans ; mais elle est dans tous les cas la méthode de contraception la mieux tolérée. Une fois, la patiente et son médecin convaincus du choix, le DIU est une méthode ayant une excellente acceptabilité car il s’agit d’une méthode de contraception de longue durée. Le Dr Hassoun insiste sur l’intérêt de choisir un modèle permettant d’éviter les changements fréquents : le TT380 à une AMM pour 10 ans, le DIU au LNG actuel pour 5 ans.
1. Congrés du GAOP (Gynécologie, Andrologie , Oncologie Psychosomatique)
2. N.BAJOS : Pop et soc. 2013
3. C. Moreau et al IUD use in France Contraception 2013 à paraitre
4.Deermish et Al. Failed IUD insertions Contraception 2013
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