L’objectif du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) est réussi. La simplification du calendrier vaccinal plaît au plus grand nombre. Aux médecins généralistes qui mémorisent plus facilement les échéances, aux patients, ravis de supprimer une dose chez le nourrisson, et enfin, aux épidémiologistes satisfaits d’avoir pu y glisser la vaccination du méningocoque C.
Quant à l’application du calendrier, elle semble être facilitée. Selon le Pr Serge Gilberg, directeur du département de médecine générale de Paris V et membre du Comité technique des vaccinations (CTV), « les médecins généralistes sont favorables à la vaccination et respectent les recommandations. Toutes les enquêtes le montrent ».
Up to date.
Les jeunes médecins seraient même particulièrement volontaires dans le maintien de leurs connaissances, constate le professeur de Paris V. Malgré cela des obstacles restent présents. « Suivre l’évolution des recommandations est assez compliqué, puisqu’il y en a tout le temps de nouvelles », observe le Pr Serge Gilberg. D’abord il y a le calendrier vaccinal annuel, ensuite des recommandations intermédiaires peuvent être formulées, pour tel ou tel vaccin, en fonction de l’actualité épidémiologique. « Il est très difficile d’être complètement à jour », souligne le clinicien chercheur. « À terme, il faudra des outils supplémentaires », annonce-t-il. L’un de ceux-ci est le site mesvaccins.net. Un site qui permet de personnaliser les recommandations vaccinales en fonction de l’âge et du terrain clinique, utilisable par le médecin et par le patient lui-même. Le seul hic, c’est que ce site n’est pas toujours utilisable en pratique. Ce que propose le Pr Serge Gilberg, c’est d’intégrer cet outil aux logiciels professionnels afin d’avoir accès, à partir du dossier du patient, à un calendrier personnalisé. « À terme, si on veut que les 50 000 médecins généralistes soient à jour, il faut passer à cette pratique », reconnaît-il. Encore faut-il inciter les pouvoirs publics à promouvoir ce type de moyens.
Une formation très inégale
Reste la formation, très inégale chez les médecins généralistes. Or, en matière d’épidémiologie, il n’y a pas d’autre secret que de se tenir au courant. « Au médecin de s’y intéresser », relève Serge Gilberg. S’abonner au « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » à partir du site de l’Institut de veille sanitaire (InVS) et à la lettre d’information du HCSP sont les deux préalables à une mise à jour efficace des savoirs. La Haute Autorité de santé (HAS) publie également un avis sur tous les vaccins. Autrement dit, pour se tenir informé, Internet semble être la clé.
Si les plus jeunes sont friands de formations et d’outils 2.0, les plus anciens sont moins au fait des avantages du web en terme de vaccinations. Restent les supports papier. Tel que le petit disque élaboré par le ministère de la santé, semblable aux disques de grossesse. Quant aux formations relatives à la DPC, certaines, comme la formation à l’entretien motivationnel, peuvent s’avérer très utiles. Notamment face aux patients hostiles à la vaccination. Cependant, le Pr Gilberg se veut optimiste : l’application du calendrier vaccinal semble plus simple chez la génération actuelle de trentenaires. Moins réticents que les générations précédentes(Baromètre Santé 2005), ils gardent également leur carnet de santé, plus facile d’accès. Outil majeur de suivi des rappels de vaccin, où trouvera-t-on l’alternative de ce cahier ? Sur Internet, sans doute aucun.
* Directeur du département de médecine générale de Paris V et membre du Comité Technique des Vaccinations
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