Une participation de 50 % au dépistage organisé du cancer-colorectal effectué tous les deux ans et suivi d’une coloscopie en cas de positivité, permettrait de réduire de 15 à 20 % sur dix ans la mortalité spécifique. L’objectif européen a été fixé à 65 % pour une réduction de la mortalité de 30 %. En France, ce taux est loin d’être atteint. Dans l’étude qu’ils publient dans la revue « Santé publique », Émilie Thu-Thon et coll. soulignent que « Si la notoriété du dépistage du cancer colo-rectal a largement progressé », la participation stagne autour de 34 % avec de fortes disparités régionales. L’Ardèche et la Drôme affichent des taux de 27,5 % et de 29,1 %. Émilie Thu-Thon et coll. ont cherché à évaluer, dans ces deux départements, l’impact sur le taux de participation d’une formation des généralistes réalisée dans le cadre d’un programme de Développement professionnel continu (DPC). En effet des expériences pilotes ont montré que ce taux était multiplié par 3 quand le médecin remettait le test de dépistage à son patient et que 85 % des tests remis étaient effectivement réalisés (15 % en cas d’envoi postal). Par ailleurs, une enquête nationale montrait que 66 % des généralistes jugeaient leur rôle indispensable dans le dépistage du cancer colo-rectal mais seulement 34 % affirmaient vérifier systématiquement si le test avait été réalisé.
Faible indice de conviction
L’étude expérimentale, fondée sur le volontariat, a permis de comparer un groupe de médecins formés (35) au reste des généralistes des deux départements. Après la formation qui s’est déroulée au printemps 2011, chacun des médecins qui en a bénéficié, a distribué et fait réaliser en moyenne 15 tests de plus que dans le groupe témoin. Si le nombre de tests réalisés a augmenté, l’impact sur la participation a en revanche été minime même si à l’inverse de la baisse observée au niveau national en 2011-2012 par rapport à l’année précédente (31,7 % versus 32 %), les taux de l’Ardèche et de la Drôme étaient plutôt en hausse (29,9 % et 30,4 %). Le résultat plutôt décevant est semble-t-il à mettre au compte d’un indice de conviction (tests effectués/tests remis) plus faible dans le groupe formé (0,85 versus 0,90). Ce peu d’enthousiasme est, selon les auteurs, à mettre au compte de l’arrivée prochaine des nouveaux tests immunologiques plus sensibles que le test au Gaïac (Hemoccult II) qui reste à ce jour le seul test validé. « En attendant avec impatience leur utilisation, ces médecins ont pu remettre l’Hemoccult II sans être totalement convaincus, ce qui peut induire en aval une résistance secondaire du patient », concluent-ils. L’annonce de la ministre de la Santé d’une mise à disposition avant la fin de l’année de ces tests immunologiques attendus depuis 2008 (recommandations de la HAS) devrait permettre d’améliorer la participation au dépistage.
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