Gastroentérites aiguës de l’enfant

Éduquer les parents et rester vigilant.

Publié le 03/02/2014
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Crédit photo : PHANIE

Bien que sa clientèle ait l’habitude de se prendre en charge, le Dr Patricia Lefébure, médecin généraliste à la Vélizy-Villacoublay, exige de voir tous les enfants de moins de 5 ans lorsqu’ils ont la gastroentérite en raison du risque de déshydratation.

Au cabinet, elle pèse systématiquement les enfants et reste vigilante à l’évolution. Elle précise le déroulé de la maladie. Les vomissements durent en général 6 à 12 heures. S’ils ne cessent pas en moins de 24 heures et la diarrhée en 48 heures, ou si les parents sont inquiets, ils doivent revenir. La réhydratation est fondamentale. Elle explique et écrit comment réhydrater : « Diluer un sachet de solution de réhydratation dans 200 ml d’eau, donner à boire au début 10 ml par 10 ml puis à la demande ». Le fait que cela n’ait pas bon goût aide à apprécier l’évolution : « Tant que l’enfant accepte de la prendre, il est déshydraté et en a besoin. S’il n’en veut plus à 24-48 h, c’est bon signe. S’il en veut toujours à 36 h, c’est anormal : il faut le revoir ! »

« Je suis très confiante dans la possibilité des tout-petits à savoir ce dont ils ont besoin », explique le Dr Lefébure. Elle suggère de laisser un biberon avec solution de réhydratation à portée de main dès que l’enfant sait marcher : « Il le prend s’il a soif ». Pour l’alimentation, elle recommande de se fier à aux désirs de l’enfant : « S’il n’a pas faim, le laisser tranquille ; s’il a faim et sait parler, lui demander ce qu’il a envie de manger ». Chez les tout-petits, elle fractionne les biberons et fait proposer régulièrement de petites quantités prises à la demande. Il est rare qu’elle change de lait : « Chez les petits peu déshydratés, la gastroentérite est un moment difficile qui passe même en conservant le lait ».

Elle hospitalise les tout-petits de moins de 1 mois souvent ceux de moins de 3 mois « pour surveillance » et tout enfant dont la perte de poids dépasse 10 % du poids du corps (voire entre 5 et 10 % selon le contexte). Elle prescrit du paracétamol en cas de fièvre, mais ni ralentisseur du transit, ni anti-émétique chez l’enfant.

Les conseils d’hygiène systématiques tentent d’éviter la transmission interhumaine : se laver les mains (en entrant à la maison, en sortant des WC), ne pas laisser les frères et sœurs toucher les jouets du malade, aérer la chambre.

La reprise de l’alimentation peut provoquer une selle liquide impérieuse après les repas pendant environ 8 jours. Ce n’est pas vraiment de la diarrhée. Si cela persiste et gène, elle prescrit des levures.

Le réseau sentinelle

Un pic de gastroentérite survient chaque année en France en décembre et janvier. Les enquêtes épidémiologiques du réseau sentinelle tentent de cerner les étiologies des gastroentérites (analyses de selles de patients versus témoins). L’hypothèse d’une intoxication alimentaire liée aux fruits de mer s’est avérée infondée. Dans 35 à 40% des cas, une origine virale a pu être confirmée (essentiellement calicivirus et rotavirus), mais dans 60 % des cas l’origine reste à élucider. Les rotavirus seraient responsables chaque année en France chez l’enfant de moins de 5 ans, de 296 500 diarrhées aiguës et 13 décès.

Les médecins généralistes voient 92 % de la population en une année, là où l’hôpital n’en voit que 5 % : « Une mine d’informations sur la santé de la population qu’il faut exploiter », explique le Dr Patricia Lefébure. Avec 1 300 médecins bénévoles volontaires, elle transmet chaque semaine au réseau sentinelle des informations (nombre de patients vus, âge, sexe, hospitalisations...) sur les maladies surveillées. Le retour d’information (états hebdomadaires, information mensuelle, enquêtes …) la sensibilise aux vaccinations et à la protection de l’entourage.

Dr Sophie Parienté

Source : Le Quotidien du Médecin: 9298