Destruction des lésions du col

Bien évaluer le l’intérêt du traitement

Publié le 07/11/2013
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Crédit photo : S TOUBON

FACE À une lésion CIN2, l’attitude habituellement préconisée est la destruction de celle-ci, pour éviter l’évolution vers un cancer invasif du col. Toutefois, les études récentes ont montré que ces lésions régressent spontanément dans un nombre non négligeable de cas, ce qui conduit à des traitements potentiellement délétères et inutiles. D’où l’évaluation de stratégies basées plutôt sur une étroite surveillance, en s’aidant de l’analyse de différents marqueurs pour identifier les lésions les plus susceptibles de régresser. Le travail mené par E. Paraskevaidis, université d’Athènes, Grèce, apporte dans ce contexte des données intéressantes (1). Sur les 102 femmes jeunes avec des lésions CIN2 suivies dans cette étude, 29 % ont été traitées, 18 % ont rechuté au moins une fois, au terme de 24 mois. Dans le même temps, une régression spontanée – vers des lésions de bas grade ou vers l’absence de toute anomalie – a été observée dans 71 % des cas. Aucun cas de cancer invasif n’a été rapporté. Ce travail a permis d’identifier différents paramètres associés à une plus grande probabilité de régression : cytologie ou colposcopie de bas grade, jeune âge de la patiente, lésions peu étendues et sous-type de papillomavirus autre que le HPV 16. Le test HPV ADN s’est montré d’une bonne sensibilité, alors que la combinaison du NASBA mRNA et du p16INK4a a fait preuve d’une bonne spécificité. Ces paramètres pourraient ainsi être inclus dans un algorithme clinique afin de mieux déterminer les lésions ayant les plus grandes chances de régresser.

Un travail réalisé par M. Kyrgiou (Imperial College, Londres) sur des résection à l’anse diathermique de lésions CIN a évalué l’impact de la taille de tissu du col excisé sur la régénération cervicale et le pronostic des grossesses ultérieures (2). Dans cette étude prospective observationnelle, le volume et les dimensions de l’exérèse ont été calculés avant le geste par trois méthodes différentes : IRM, échographie transvaginale 2D et 3D. La régénération du col a, quant à elle, été évaluée par ces trois mêmes techniques d’imagerie répétées à six mois. Près de 200 femmes ont été incluses dans cette étude, dont 176 ont été suivies jusqu’à son terme.

Le volume cervical total, tout comme le volume excisé, variait de façon notable selon les cas, avec une proportion de tissus excisés allant de 4,7 à 41 %. L’analyse en régression linéaire a montré que le déficit proportionnel de col à 6 mois dépendait essentiellement de la proportion de volume excisé et ce, quelle que soit la technique d’imagerie utilisée.

Une grossesse après le traitement a été rapportée chez 23 femmes. Dix-neuf avaient déjà accouché : 15 à terme, deux entre 34 et 36 semaines de gestation et deux entre 30 et 32 semaines de gestation. L’ensemble des naissances prématurées a été observé chez les femmes ayant eu des excisions proportionnellement importantes. Pour les auteurs de ce travail, dont les résultats détaillés sont présentés au cours du congrès, une évaluation très précise des bénéfices et des risques du traitement est impérative chez les femmes ayant un souhait de grossesse. La mesure du rapport volume/longueur excisé pourrait permettre de mieux identifier celles devant bénéficier d’une surveillance plus étroite pendant la grossesse.

(1) Paraskevaidis E et al. Outcomes of women with untreated CIN2 lesions : is there a role for HPV-related biomarkers?

(2) Kyrgiou M et al. Proportion of excision and pregnancy outcomes after Lletz for CIN.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9278