Dépistage à l’ère des tests viraux

Des stratégies de triage à l’étude

Publié le 07/11/2013
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Crédit photo : BSIP

UN INTERVALLE de 5 ans entre deux dépistages est-il envisageable ? C’est ce qu’a évalué une équipe japonaise (1) sur 3 911 femmes, qui ont bénéficié, entre 2005 et 2006, d’un dépistage basé sur la cytologie et un test HPV (HC2 Qiagen). Le critère d’évaluation était la progression des lésions CIN2+ au cours d’un suivi de 5 ans. À l’inclusion, 511 femmes avaient une cytologie et un test HPV négatifs, quand 89 avaient seulement un test HPV positif. L’incidence cumulée à 5 ans des lésions CIN2+ et CIN3+ a été respectivement de 1,6 % et 1,2 % chez les femmes cytologie et HPV négatives. Chez celles ayant une cytologie négative mais un test HPV positif à l’inclusion, celle-ci a été respectivement de 30 % et 15,2 %, différence statistiquement significative. Pour les auteurs, un intervalle de 5 ans entre deux dépistages apparaît comme une stratégie sûre chez les femmes ayant une cytologie et un test HPV négatifs.

En se basant sur les données des essais SHENCCAST II/III, des auteurs américains (2) ont comparé deux tests HPV pour le dépistage des lésions CIN3 ou cancer du col chez des femmes ayant une cytologie négative mais un test HPV positif (Cervista HPV HR ou MALDI-TOF). Sur les 8 556 femmes inclues dans cette analyse, 5,3 % avaient un test Cervista HR-HPV positif et 5,82 % un test MALDI-TOF positif. Dans le premier groupe, un second test par Cervista HPV 16 et/ou 18 était positif dans 11,8 % des cas, alors que dans le second groupe, un deuxième test MALDI-TOF 16 et/ou 18 l’était dans 19,4 % des cas.

Les proportions de lésions CIN3+ chez ces femmes étaient comparables dans les deux groupes (61,5 % versus 66,7 %, p = 0,8). Chez des femmes ayant une cytologie négative, le recours au test Cervista 16/18 s’accompagnerait donc d’un taux de colposcopie de 11,8 % et permettrait de diagnostiquer 61,5 % des lésions CIN3+ ; avec le test MALDI-TOF 16/18, ces chiffres seraient respectivement de 19,4 % et 66,7 %.

Une stratégie de dépistage fondée sur l’utilisation d’un test ADN pour les HPV à haut risque oncogène est en cours d’évaluation dans une étude pilote (3) menée en Angleterre. Six centres sentinelles ont pour objectif d’inclure 150 000 femmes la première année. En cas de résultat négatif, les femmes sont reconvoquées pour un nouveau test de dépistage 3 à 5 ans plus tard. En cas de résultat positif, une analyse cytologique est alors réalisée. Un nouveau modèle a été développé pour prendre en compte la transmission et l’histoire naturelle de l’infection à HPV, dans lequel l’incidence des néoplasies cervicales intra-épithéliales et des cancers invasifs du col est définie par un risque cumulatif dépendant du délai post-infection et de l’âge. Il existe en effet une grande hétérogénéité interindividuelle en termes d’acquisition du HPV, de progression de la maladie et d’adhésion au dépistage et c’est la première fois qu’un tel modèle, qui se veut plus proche de la vraie vie est utilisé.

(1) Konno R et al. Assessment of a 5-year cervical screening interval with HPV testing and cytology in Japan.

(2) Goodrich S et al. États-Unis. Triage of women with negative cytology and positive high-risk HPV : an analysis of date from the SHENCCAST* II/III studies.

(3) Bains I et al. Royaume-Uni. Evaluating the introduction of primary HPV DNA screening in England : using a novel stochastic model of HPV disease progression.


Source : Le Quotidien du Médecin: 9278