C'est dès la grossesse que toutes les bonnes informations sur l’allaitement doivent être données, sans oublier la participation à cette écoute du futur papa. Une femme bien informée et motivée ne baissera pas les bras si elle rencontre quelques difficultés passagères. Après l’accouchement, les consultantes en lactation, les sages-femmes et les puéricultrices sont là pour conseiller mais aussi pour diriger vers un généraliste en cas de complications.
Les conseils qui sont en général donnés à la maternité
Le démarrage de l’allaitement est un moment essentiel. Il doit se faire en salle d'accouchement et en peau à peau. La maman peut être assise (position classique) ou couchée. Chacune doit trouver la position la plus confortable, en s’aidant éventuellement de coussins. Il faut amener le bébé au sein et non l'inverse, avec oreille, épaule, hanche sur une même ligne, la bouche grande ouverte qui attrape non pas que le mamelon mais aussi le plus possible l'aréole. Il faut l'entendre déglutir, la lèvre inférieure retroussée (bouche de poisson). En cas de jumeaux, allaiter les 2 bébés en même temps favorise une meilleure production de lait. La femme peut adopter une position assise croisée où les 2 bébés sont en position de ballon de rugby, ou une position assise parallèle.
L’allaitement doit être fait à la demande, jour et nuit au moment de l'éveil sans attendre les pleurs (moyenne de 10 à 12 tétées par 24 heures). Ceci permet, d’une part, de prévenir l'engorgement et, d’autre part, d’optimiser pour l'enfant les avantages immunologiques du colostrum riche en anticorps et nutriments. Après avoir donné un sein, la maman peut proposer l'autre sein et inverser à la tétée suivante.
Il n’y a pas de durée précise pour une tétée tant qu’elle est efficace : des couches mouillées 2 fois par jour au début, puis 5 à 6 fois ensuite sont le signe d'une alimentation suffisante. Un complément lacté n’est réalisé que sur prescription médicale.
Prolactine et ocytocine sont les deux hormones principales d'origine hypophysaire impliquées dans l'allaitement. La succion du mamelon est le moteur de la sécrétion de prolactine et, au cours de la tétée, l'ocytocine stimule l'excrétion du lait. Après le colostrum, la « montée laiteuse » apparaît vers le troisième jour. Les seins sont gonflés, lourds, tendus, douloureux. Une douche chaude avec un massage des seins avant la tétée permet de faciliter la tétée. Après la tétée, l’application de glace sur les seins peut réduire l'œdème et donc soulager.
Les mesures d’hygiène sont assez simples. En dehors de la douche quotidienne, il faut un lavage des mains avec du savon non parfumé avant chaque tétée. Le port d'un soutien-gorge adapté nuit et jour est recommandé.
Au niveau de l’hygiène alimentaire, comme pendant la grossesse, la maman doit veiller à avoir une alimentation saine et équilibrée, en limitant café et thé et en supprimant alcool (exceptionnellement un verre avec des amis), tabac et, bien sûr, cannabis, cocaïne ou autres drogues. Elle doit boire suffisamment d'eau et de tisanes, sans excès. Si l'enfant est à risque allergique, il est conseillé de supprimer les aliments contenant de l'arachide.
De retour au domicile
Un bébé qui prend bien du poids et mouille ses couches plusieurs fois par jour est un bébé suffisamment nourri. En cas de baisse de la lactation, il faut insister sur le repos de la maman et la mise au sein fréquente de l’enfant. Il est possible de recourir à l'homéopathie (Ricinus Communis 5CH, 5 granules 3 fois par jour), à des tisanes de fenouil, de cumin ou d’anis étoilé.
En cas d’engorgement, la restriction hydrique n'est plus recommandée. Les applications froides permettent une amélioration du drainage veineux et lymphatique. L’expression du lait évite le risque de mastite ; elle se fonde sur un massage des aréoles en rond avec un doigt, suivi d’une pression des mamelons pour faire sortir le lait.
La survenue d’un rhume, d’une grippe ou d’une gastro-entérite ne doit pas faire cesser l'allaitement. Il est possible pour la mère de prendre du paracétamol en cas de besoin.
La prolactine, qui est stimulée par les tétées, bloque (en principe) l'ovulation, mais la protection n'est pas à 100 % : il faut parfois envisager la prise d’une pilule microprogestative.
Lors de la reprise du travail, il est préconisé de poursuivre le plus longtemps possible les tétées du matin, du soir, de la nuit et des week-ends. Il est possible de tirer le lait et de le mettre au réfrigérateur ou au congélateur pour qu'il soit donné par une tierce personne. En cas d’obligation de sevrage, il est conseillé d’introduire d'abord un biberon pendant 5 ou 6 jours, puis introduire un deuxième biberon…
Les éventuelles complications
Les crevasses sont dues 9 fois sur 10 à une mauvaise position du bébé. Il faut alors laisser le plus possible les seins à l'air libre et extraire un peu de lait de fin de tétée (avant d'avoir des crevasses caractérisées). Certaines pommades peuvent être conseillées, tout comme l’application de glaçons enveloppés sur le mamelon juste avant la tétée pour anesthésier un peu. Le recours provisoire à des bouts de sein peut être envisagé seulement le temps de la cicatrisation.
La candidose mammaire se traduit par une sensation de brûlures au niveau du mamelon mais aussi à l'intérieur du sein. Le mamelon est rose vif, luisant, parfois associé à un muguet buccal et caractérisé par une prolifération de Candida albicans. Un traitement local par du violet de gentiane peut être proposé (traitement à poursuivre 2 semaines après la disparition des symptômes). Sinon, la mère et l’enfant doivent être traités avec un antifongique, de type fluconazole.
La mastite, qui correspond à une absence de drainage d'un canal ou d'une zone du sein, est cliniquement assez bruyante : fièvre élevée, syndrome grippal, zone inflammatoire douloureuse, unilatérale et induration. Il faut poursuivre l'allaitement, drainer le sein par des tétées fréquentes et des massages avant la tétée. Un traitement antalgique peut être instauré. En l’absence d’amélioration après 48 h, une antibiothérapie est indiquée pour éviter un abcès.
L’abcès du sein fait suite à une mastite infectieuse non traitée. L’échographie permet de confirmer le diagnostic et de réaliser une ponction avec lavage. L’analyse de la ponction guide l’antibiothérapie : il s’agit le plus souvent de staphylocoques. L’implication d’un streptocoque du groupe B impose de traiter la mère et le bébé. En cas d’abcès important, la prise en charge comporte incision, nettoyage et drainage de l’abcès avec arrêt de la lactation du côté du sein infecté (le lait doit être tiré et jeté).
Dr Isabelle Hoppenot
D’après un entretien avec Jeannine Verriez Le Troquer, monitrice de la clinique de la Muette, Paris
Les conseils qui sont en général donnés à la maternité
Le démarrage de l’allaitement est un moment essentiel. Il doit se faire en salle d'accouchement et en peau à peau. La maman peut être assise (position classique) ou couchée. Chacune doit trouver la position la plus confortable, en s’aidant éventuellement de coussins. Il faut amener le bébé au sein et non l'inverse, avec oreille, épaule, hanche sur une même ligne, la bouche grande ouverte qui attrape non pas que le mamelon mais aussi le plus possible l'aréole. Il faut l'entendre déglutir, la lèvre inférieure retroussée (bouche de poisson). En cas de jumeaux, allaiter les 2 bébés en même temps favorise une meilleure production de lait. La femme peut adopter une position assise croisée où les 2 bébés sont en position de ballon de rugby, ou une position assise parallèle.
L’allaitement doit être fait à la demande, jour et nuit au moment de l'éveil sans attendre les pleurs (moyenne de 10 à 12 tétées par 24 heures). Ceci permet, d’une part, de prévenir l'engorgement et, d’autre part, d’optimiser pour l'enfant les avantages immunologiques du colostrum riche en anticorps et nutriments. Après avoir donné un sein, la maman peut proposer l'autre sein et inverser à la tétée suivante.
Il n’y a pas de durée précise pour une tétée tant qu’elle est efficace : des couches mouillées 2 fois par jour au début, puis 5 à 6 fois ensuite sont le signe d'une alimentation suffisante. Un complément lacté n’est réalisé que sur prescription médicale.
Prolactine et ocytocine sont les deux hormones principales d'origine hypophysaire impliquées dans l'allaitement. La succion du mamelon est le moteur de la sécrétion de prolactine et, au cours de la tétée, l'ocytocine stimule l'excrétion du lait. Après le colostrum, la « montée laiteuse » apparaît vers le troisième jour. Les seins sont gonflés, lourds, tendus, douloureux. Une douche chaude avec un massage des seins avant la tétée permet de faciliter la tétée. Après la tétée, l’application de glace sur les seins peut réduire l'œdème et donc soulager.
Les mesures d’hygiène sont assez simples. En dehors de la douche quotidienne, il faut un lavage des mains avec du savon non parfumé avant chaque tétée. Le port d'un soutien-gorge adapté nuit et jour est recommandé.
Au niveau de l’hygiène alimentaire, comme pendant la grossesse, la maman doit veiller à avoir une alimentation saine et équilibrée, en limitant café et thé et en supprimant alcool (exceptionnellement un verre avec des amis), tabac et, bien sûr, cannabis, cocaïne ou autres drogues. Elle doit boire suffisamment d'eau et de tisanes, sans excès. Si l'enfant est à risque allergique, il est conseillé de supprimer les aliments contenant de l'arachide.
De retour au domicile
Un bébé qui prend bien du poids et mouille ses couches plusieurs fois par jour est un bébé suffisamment nourri. En cas de baisse de la lactation, il faut insister sur le repos de la maman et la mise au sein fréquente de l’enfant. Il est possible de recourir à l'homéopathie (Ricinus Communis 5CH, 5 granules 3 fois par jour), à des tisanes de fenouil, de cumin ou d’anis étoilé.
En cas d’engorgement, la restriction hydrique n'est plus recommandée. Les applications froides permettent une amélioration du drainage veineux et lymphatique. L’expression du lait évite le risque de mastite ; elle se fonde sur un massage des aréoles en rond avec un doigt, suivi d’une pression des mamelons pour faire sortir le lait.
La survenue d’un rhume, d’une grippe ou d’une gastro-entérite ne doit pas faire cesser l'allaitement. Il est possible pour la mère de prendre du paracétamol en cas de besoin.
La prolactine, qui est stimulée par les tétées, bloque (en principe) l'ovulation, mais la protection n'est pas à 100 % : il faut parfois envisager la prise d’une pilule microprogestative.
Lors de la reprise du travail, il est préconisé de poursuivre le plus longtemps possible les tétées du matin, du soir, de la nuit et des week-ends. Il est possible de tirer le lait et de le mettre au réfrigérateur ou au congélateur pour qu'il soit donné par une tierce personne. En cas d’obligation de sevrage, il est conseillé d’introduire d'abord un biberon pendant 5 ou 6 jours, puis introduire un deuxième biberon…
Les éventuelles complications
Les crevasses sont dues 9 fois sur 10 à une mauvaise position du bébé. Il faut alors laisser le plus possible les seins à l'air libre et extraire un peu de lait de fin de tétée (avant d'avoir des crevasses caractérisées). Certaines pommades peuvent être conseillées, tout comme l’application de glaçons enveloppés sur le mamelon juste avant la tétée pour anesthésier un peu. Le recours provisoire à des bouts de sein peut être envisagé seulement le temps de la cicatrisation.
La candidose mammaire se traduit par une sensation de brûlures au niveau du mamelon mais aussi à l'intérieur du sein. Le mamelon est rose vif, luisant, parfois associé à un muguet buccal et caractérisé par une prolifération de Candida albicans. Un traitement local par du violet de gentiane peut être proposé (traitement à poursuivre 2 semaines après la disparition des symptômes). Sinon, la mère et l’enfant doivent être traités avec un antifongique, de type fluconazole.
La mastite, qui correspond à une absence de drainage d'un canal ou d'une zone du sein, est cliniquement assez bruyante : fièvre élevée, syndrome grippal, zone inflammatoire douloureuse, unilatérale et induration. Il faut poursuivre l'allaitement, drainer le sein par des tétées fréquentes et des massages avant la tétée. Un traitement antalgique peut être instauré. En l’absence d’amélioration après 48 h, une antibiothérapie est indiquée pour éviter un abcès.
L’abcès du sein fait suite à une mastite infectieuse non traitée. L’échographie permet de confirmer le diagnostic et de réaliser une ponction avec lavage. L’analyse de la ponction guide l’antibiothérapie : il s’agit le plus souvent de staphylocoques. L’implication d’un streptocoque du groupe B impose de traiter la mère et le bébé. En cas d’abcès important, la prise en charge comporte incision, nettoyage et drainage de l’abcès avec arrêt de la lactation du côté du sein infecté (le lait doit être tiré et jeté).
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D’après un entretien avec Jeannine Verriez Le Troquer, monitrice de la clinique de la Muette, Paris
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