Il est établi que le lait de femme ( LF) est le meilleur mode d’alimentation des nourrissons, tant en raison de sa composition que de la relation mère-enfant qu’il permet. De ce fait, l’allaitement maternel doit être privilégié, jusqu’à l’âge de 6 mois, voire un an chez les femmes qui le veulent et qui le peuvent.
Chez les nourrissons non allaités, le développement de préparations adaptées a constitué une avancée majeure en termes de santé publique puisque la seule alternative à l’allaitement maternel était auparavant le recours à des nourrices, avec d’importants risques associés.
Fer, vitamines D et K
Depuis les décrets de 1976 et 1978 définissant les préparations pour nourrissons (jusqu’à 4-6 mois) et préparations de suite (à partir de 4-6 mois et d’une diversification alimentaire suffisante, correspondant à un premier repas non lacté), des progrès continus ont été réalisés, leur conférant aujourd’hui une très grande qualité.
Ces préparations se rapprochent le plus possible du lait maternel, tout en corrigeant ses faiblesses représentées par sa relative pauvreté en fer (à partir de 6 mois) et en vitamines D et K. Si toutes les préparations répondant aux critères définis par la réglementation sont très satisfaisantes, certaines ont des particularités nutritionnelles non imposées par la loi, mais avec des bénéfices potentiels supplémentaires.
C’est le cas des préparations enrichies en acides gras polyinsaturés à longue chaîne (AGPI-LC), notamment en acides docosahexaénoïque (DHA) et arachidonique (AA), qui ont un impact bénéfique sur la maturation cérébrale et rétinienne. Leur intérêt les impose chez les prématurés qui ne peuvent bénéficier de LF et l’enrichissement en AGPI-LC devrait être aussi prochainement requis pour les préparations pour nourrissons.
Certaines préparations sont enrichies en prébiotiques ou en probiotiques. Il semble que l’ajout d’un de ces composants, validé par des études cliniques, ait un intérêt pour réduire le risque d’infection digestive et pourrait avoir un intérêt fonctionnel sur la motricité digestive.
La majorité des préparations sont à base de protéines du lait de vache (PLV). Les préparations à base de protéines de soja ont une place limitée en raison de leur teneur en phyto-œstrogènes aux conséquences mal connues. Elles sont en pratique réservées aujourd’hui aux familles ayant une alimentation végétarienne et à certains cas d’allergie aux PLV après 6 mois.
Des variations de composition
Au sein des préparations pour nourrissons et de suite, il existe des variations de composition qui restent dans les limites du cadre législatif. Ces variations portent notamment sur la teneur en caséines par rapport aux protéines solubles. Les préparations riches en caséines pourraient favoriser la satiété, mais aussi ralentir le transit. À l’inverse, celles ayant une fraction de protéines solubles plus élevée entraîneraient une accélération de la vidange gastrique, mais favoriseraient le reflux. Les variations de composition concernent également la teneur en dextrine maltose et la présence d’amidon avec, cette fois, un impact potentiel sur le météorisme abdominal ou les régurgitations.. Seuls, les laits à protéines partiellement hydrolysées, dits « hypoallergéniques » (HA), ont droit à l’allégation « réduction du risque d’allergie aux protéines du lait de vache (PLV) ». Ils sont utiles chez les nourrissons à risque élevé d’allergie du fait de leurs antécédents familiaux quand ils ne peuvent bénéficier d’un allaitement maternel.
Fins médicales spéciales
Enfin, il existe des préparations dites « à fins médicales spéciales » : lait pour prématurés, hydrolysats de protéines (substitut de laits) et préparations à base d’acides aminés en cas d’allergie aux PLV, lait pré-épaissi (par de l’amidon ou de la farine de caroube) pour réduire les régurgitations (lait antirégurgitation [AR]) ou encore lait pauvre en lactose indiqué de façon transitoire après certaines diarrhées aiguës prolongées. Ces préparations sont vendues exclusivement en pharmacie, théoriquement sur ordonnance médicale.
Éviter la valse des laits
En pratique, face à la multitude de préparations sur le marché, il semble plus simple pour le praticien de bien connaître une gamme pour se repérer facilement.
Chez un nourrisson sans problème particulier, un lait simple avec un pourcentage élevé de protéines solubles est un choix qui pourra convenir aux familles quelles que soient leurs ressources.
Il est surtout essentiel d’éviter la valse des laits, un changement de préparation ne devant généralement être envisagé qu’en cas de constipation avérée ou de régurgitations fréquentes. Ce qui implique de savoir rassurer les mères (et les pères) sur les pleurs, régurgitations et autres coliques.
Dr Isabelle Hoppenot
D’après un entretien avec le Pr Michel Vidailhet, Nancy.
Liens d’intérêt Pr Michel Vidailhet : laboratoire Blédilait
Référence
Chouraqui JP. Préparations pour nourrissons, de suite et pour enfants en bas âge. In O. Goulet, M. Vidailhet, D. Truck, Comité de nutrition de la Société française de pédiatrie, Alimentation de l’enfant en situations normale et pathologique. 2e édition. Doin, Paris, 2012.
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