« Depuis le début des années 2000 et le développement de la première thérapie ciblée dans la leucémie myéloïde chronique, la recherche en cancérologie a pris un virage qui est venu bousculer les traitements historiques que sont les chimiothérapies », rappelle le Dr Cédric Le Maréchal, généticien moléculaire au CHRU de Brest et co-animateur avec le Dr Jean-Philippe Metges de l’atelier consacré aux enjeux de l’intégration dans la recherche en cancérologie.
La recherche bouillonne, avec de très nombreux essais de phases I et II, mais pour pouvoir donner ces nouveaux traitements, il faut identifier les tumeurs présentant la ou les anomalies biologiques ciblées par la molécule. C’est ce qui est fait depuis de nombreuses années dans les cancers du sein et de l’estomac, où seules les tumeurs surexprimant HER 2 peuvent bénéficier d’un traitement par trastuzumab. Une approche qui s’est depuis élargie à d’autres tumeurs : colon, poumon, mélanome…
Des retards en pratique
« Alors que l’analyse génétique de nombreuses tumeurs est un prérequis adossé à l’autorisation de mise sur le marché, les tests génétiques ne sont toujours pas pris en charge par l’Assurance maladie regrette le Dr Le Maréchal. Ce sont toujours des actes hors nomenclature, un paradoxe puisque la Haute autorité de santé a statué depuis plusieurs années sur leur utilité ».
La recherche est aujourd’hui en avance sur les soins, avec par exemple de nouvelles molécules ciblant des anomalies génétiques par cancer, alors que la recherche de ces anomalies n’est pas passée dans la routine faute de financement.
Ce problème de financement concerne aussi les essais, avec une ambiguïté sur ce qui relève du soin ou de la recherche. « Ainsi, une zone grise s’est créée pour intégrer des patients dans des essais à la limite du soin, les tests n’étant pris en charge ni par l’Assurance-maladie, ni par les industriels du médicament », note le Dr Le Maréchal, avant de rappeler le caractère également très onéreux des nouvelles molécules, imposant une meilleure sélection des patients pour éviter des non-réponses. « Les tests réalisés aujourd’hui pour les immunothérapies sont limités et peu performants, et la recherche fondamentale doit se poursuivre pour identifier de meilleurs marqueurs prédictifs de réponse », souligne le Dr Cédric Le Maréchal, qui estime que faire le lien entre la biologie du cancer et le traitement est un des grands enjeux actuels de la cancérologie ».
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