Même s’il n’est pas directement en charge des traitements contre le cancer, le médecin de famille accompagne de nombreux patients atteints de cette pathologie. « Il y a quelques années, on disait que cela représentait entre 5 à 15 personnes dans la patientèle d’un généraliste. Mais je pense que ce chiffre a largement augmenté », souligne la Pr Marie-Ève Rougé-Bugat, enseignante en médecine générale à l’université et exerçant en cabinet et à l’oncopole de Toulouse.
C’est très souvent le généraliste qui accompagne le patient dans son entrée dans le monde du cancer. Il est généralement chargé d’examiner certains résultats d’examens de dépistage et diagnostique parfois certains symptômes évocateurs du cancer. « Régulièrement, nous faisons des pré-annonces avant d’envoyer le patient voir l’oncologue. On essaie de le préparer à ce qu’on va sans doute lui dire car, en fonction des examens médicaux, on sait qu'il y a une forte probabilité qu’on va lui annoncer un cancer. Mais il arrive aussi qu’on envoie un patient vers un spécialiste sans savoir vraiment quel sera le diagnostic », indique la Pr Rougé-Bugat. C’est à ce moment que peut se situer un premier « trou dans la raquette ». « Nous avons sans doute quelques progrès à faire au niveau de l’adressage du dossier des patients (de la ville vers l’hôpital), de la traçabilité et la qualité des informations transmises à nos confrères oncologues ou spécialistes. Nous pourrions réaliser certains tests simples pour éviter une perte de temps, comme la vitesse de marche chez nos patients âgés atteints de cancer afin d'en adresser certains chez le gériatre avant l’oncologue », indique la Pr Rougé-Bugat.
Des problèmes de transmission
Mais il existe aussi des « trous dans la raquette » dans la transmission des informations entre l’hôpital et la ville, notamment au moment de la consultation d’annonce et de la rédaction du programme personnalisé de soins. « Le pire, c’est quand le patient ou sa famille nous apprend ce que leur a dit l’oncologue, sans avoir été au courant. Cela entache notre crédibilité pour le suivi ultérieur du patient », indique la Pr Rougé-Bugat.
Pendant la phase active du traitement, les situations sont très variables. « On ne voit quasiment plus certains patients car leur suivi se fait entièrement dans la structure qui délivre le traitement, joignable 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. C’est certainement une bonne chose mais la place du généraliste est alors un peu incertaine. Il y a aussi des patients qu’on continue de voir, notamment pour gérer certains effets indésirables ou des complications, spontanément ou à la demande de l’hôpital », indique la Pr Rougé-Bugat, en reconnaissant que le développement des nouveaux traitements, plus personnalisés et pointus, complique un peu la tâche des généralistes. « Nous avons appris à gérer les effets secondaires des chimiothérapies « classiques » mais il est difficile d’être à la page des toxicités de toutes les thérapies ciblées ou immunothérapies. Il existe des fiches synthétiques mais pas toujours bien connues de tous les généralistes ».
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