Douleurs abdominales et diarrhées

Premier épisode de colite aiguë : la conduite à tenir est systématisée

Publié le 13/11/2014
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La colite aiguë peut en effet relever d’une cause spécifique, transitoire et résolutive le plus souvent d’origine infectieuse, mais aussi être la première poussée d’une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI).

Cliniquement, elle se traduit principalement par de la diarrhée et des douleurs abdominales. L’interrogatoire recherche des éléments pouvant orienter le diagnostic : notion de toxi-infection alimentaire, prise récente de médicaments entérotoxiques (anti-inflammatoires non stéroïdiens, dérivés de l’ergot de seigle, antimitotiques) ou d’antibiotiques, hospitalisation (infection nosocomiale), immunodépression, sexualité anale.

Les examens de première intention sont constitués par la coproculture, avec milieux sélectifs pour Yersinia, Campylobacter, Salmonella, Shigella et, en cas de diarrhée hémorragique pour E coli O157H7et Klebsiellaoxytoca (antibiothérapie récente). Selon le contexte (antibiothérapie, immunosuppression, infection nosocomiale possible), ce bilan est complété par une recherche de Clostridiumdifficile (coproculture ou détection de la glutamate déshydrogénase avec identification des toxines).

En cas de terrain à risque, de syndrome dysentérique, de signes de gravité ou d’une durée d’évolution de plus de 3 jours, une recto-sigmoïdoscopie avec biopsies doit être réalisée.

Lorsque la colite reste de cause indéterminée et qu’une MICI est suspectée, un dosage des pANCA (anticorps anti-cytoplasmes des polynucléaires neutrophiles de type x) et ASCA (anticorps anti -saccharomyces cerevisiae) (significatifs s’ils sont positifs) est de mise. Les biopsies doivent être répétées à distance : une désorganisation architecturale et une plasmocytose basale sont évocatrices d’une MICI.

La stratégie thérapeutique se fonde en première intention sur l’hospitalisation en présence de signes de gravité, la ré-équilibration hydro-électrolytique, par voie orale ou intraveineuse, et une antibiothérapie probabiliste (débutée après les prélèvements) par métronidazole (1 500 mg/j) et ciprofloxacine (1 000 mg/j).

Les ralentisseurs du transit doivent être proscrits.

Société nationale française de gastro-entérologie (SNFGE), Club de réflexion des cabinets et groupes d’hépatogastroentérologie (CREGG) et Groupe d’étude thérapeutique des affections inflammatoires du tube digestif (GETAID). Conseil de pratique. « Conduite à tenir lors d’un premier épisode de colite aiguë ». 10 septembre 2014.

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Le Quotidien du Médecin: 9365