Jusqu’à l’introduction d’une alimentation diversifiée, le lait maternel est l’aliment le plus adapté aux particularités physiologiques du nourrisson en cours de développement.
Au cours de l’histoire, des substituts ont été cherchés pour nourrir les nourrissons dont la mère se trouvait dans l’impossibilité d’allaiter. Dans les années 1950 et 1960, grâce aux progrès des connaissances de la composition du lait de femme, les premiers laits en poudre pour nourrissons firent leur apparition, par modifications du lait de vache : sucrage, coupage, acidification. Ils permettaient aux nourrissons d’avoir une croissance somatique et un développement psychomoteur satisfaisants. Mais ce n’est qu’à partir des années 1970 que la composition de ces préparations industrielles pour nourrissons a été fixée en France par textes réglementaires. L’arrêté interministériel de 1976 parle pour la première fois d’aliment « lacté diététique 1er âge maternisé ou adapté ». Ce cadre réglementaire définit les teneurs minimales et maximales à respecter pour les principaux nutriments.
Évolution de la législation.
Le développement des préparations industrielles a correspondu en France à une diminution importante de l’allaitement maternel. Dans ce contexte et dans un souci d’harmonisation européenne, en 1994, la réglementation a été modifiée par arrêté européen transposé en droit français. Cette législation régit désormais aussi bien la composition que l’appellation, l’étiquetage et les modalités de diffusion d’information et de publicité, dans un souci de promotion de l’allaitement au sein. On parle de « préparations pour nourrissons » et le terme « maternisé » est interdit.
Au sein de ce cadre législatif, des innovations ont été apportées au cours des décennies, afin de se rapprocher au plus près de la composition du lait maternel. La réglementation est périodiquement adaptée pour suivre au mieux l’évolution des progrès scientifiques.
Datant de 2006, la dernière réglementation européenne permet de se repérer au sein des nombreuses préparations existantes sur le marché de l’alimentation infantile. Elle distingue les préparations à base de protéines de lait de vache (PLV), de celles à base de protéines de soja ou d’hydrolysats partiels de protéines (laits hypoallergéniques HA). Les préparations à base de PLV se différencient en fonction de l’apport en protéines, du rapport caséine/protéines solubles, de la nature des sucres ajoutés, de la qualité du mélange lipidique. Au fil des progrès scientifiques, de nombreuses préparations associées à des allégations d’effets fonctionnels ont été commercialisées. Cependant, rares sont les allégations qui apportent un niveau de preuve suffisant. Si plusieurs d’entre elles présentent un intérêt, les conditions particulières de la recherche clinique en pédiatrie constituent en effet un frein à une approche scientifique rigoureuse.
Axes de recherche actuels.
Au cours des quinze dernières années, les principales innovations ont porté sur différents aspects : épaississement des préparations visant à augmenter la viscosité et à diminuer la fréquence et le volume des régurgitations, acidification sous l’action de bactéries fermentaires… Les axes de recherche actuels portent essentiellement sur les profils protéique et lipidique et sur l’ajout de prébiotiques et probiotiques. Se rapprocher du profil d’acides aminés du lait de mère permet, tout en réduisant l’apport protéique, d’assurer une croissance optimale et une charge osmotique rénale moindre. L’enrichissement en acides gras essentiels poly-insaturés, dont dérivent les acides arachidonique et docosahéxaénoïque (DHA), a une action démontrée sur le développement neurologique et visuel des prématurés. L’intérêt d’une modification du rapport oméga 6/oméga 3 est à l’étude dans la prévention de l’allergie. Enfin, l’adjonction de prébiotiques ou de probiotiques vise à reproduire l’écosystème intestinal des enfants nourris au sein, les effets bénéfiques recherchés étant la prévention des diarrhées aiguës du nourrisson et la prévention de l’allergie.
Sources :
- Laits infantiles quels progrès en 10 ans. J-P Chouraqui. 10e JIRP. Mars 2009.
- Symposium de l’IFN. Nutrition de la conception à l’enfance : certitudes et perspectives. Février 2009. Présentation du Dr Jacques Ghisolfi.
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