La lubricine participe activement à la protection du cartilage. Elle lubrifie l’articulation, empêche l’adhésion cellulaire sur le cartilage et donc sa destruction et module le coefficient de friction de l’articulation. « Nous attendions un essai chez l’homme, nous avons eu une présentation exhaustive de la protéine, des données chez l’animal et une idée des défis à relever avant d’espérer l’utiliser en thérapeutique », explique un peu déçu le Pr François Rannou.
Des molécules complémentaires aux effets synergiques
La lubricine est une glycoprotéine de 404 acides aminés sécrétée par le tissu synovial. Elle possède, d’une part, un domaine de liaison avec le cartilage qui lui permet de s’y ancrer et, d’autre part, un domaine d’activité d’où découlent ses propriétés lubrifiantes. Elle peut se lier à l’acide hyaluronique, un acteur essentiel de l’homéostasie du cartilage présent en grande quantité dans le liquide synovial. C’est par l’intermédiaire de cette liaison avec la lubricine que l’acide hyaluronique se fixe à la surface externe du cartilage. Il peut alors interagir avec des lipides intra-articulaires, les phosphatidylcholines. L’interaction entre ces molécules fortement hydratées crée des couches limites solides qui agissent en synergie, participent à la lubrification-hydratation et contribuent à expliquer le coefficient de frottement caractéristique du cartilage : très faible même aux fortes pressions physiologiques.
Sept publications depuis 2009
En 1999, Marcelino et al. (1) ont montré que l’absence de synthèse de lubricine chez l’homme entraîne une dégénérescence du cartilage et une arthrose précoces. Depuis 2009, sept publications ont attesté d’une diminution des lésions d’arthrose sous l’effet d’une supplémentation en lubricine (2), notamment par le biais de propriétés anti-adhésives entre le tissu synovial et le cartilage.
« Il serait intéressant, note le Pr François Rannou, de pouvoir utiliser la lubricine en injectable chez l’homme, comme l’acide hyaluronique. Le problème actuel est sa faible demi-vie en intra-articulaire ». En effet, chez l’animal, moins de 5 % de la lubricine injectée persiste dans l’articulation au bout de 48 heures .
La recherche s’oriente vers l’élaboration de formes galéniques capables d’augmenter cette demi-vie. Des études précliniques ont récemment apporté des preuves de concept d’approches de thérapie génique avec des vecteurs viraux.
Le Pr François Rannou retient que « la lubricine pourrait être le traitement local du futur sous réserve de résultats cliniques chez l’homme après avoir mis au point une galénique adaptée à une délivrance par injection et à une demi-vie prolongée ».
(1) Nature Genetics 1999;23:319-22
(2) Flannery CR et al. Lubricin and its potential as an OA therapy
Article précédent
L’hydroxychloroquine ne semble pas efficace
Article suivant
Le tocilizumab, une nouvelle option thérapeutique
Analyse des essais randomisés
L’hydroxychloroquine ne semble pas efficace
Le traitement local du futur ?
Le tocilizumab, une nouvelle option thérapeutique
L’évolution de la PR est imprévisible
Peut-on arrêter le méthotrexate ?
Quels biomarqueurs aux différents stades de la maladie ?
Contre les idées reçues
Facteurs prédictifs IRM de réponse à court terme
Des résultats divergents
Quelle valeur pronostique ?
Mais toujours un surrisque d’accidents coronariens
Quelle place pour l’échographie Doppler des enthèses ?
L’influence du poids
Un impact positif sur le travail
Un effet antalgique démontré dans un modèle d’arthrose
Quel devenir à court terme ?
Actuels et futurs
Diminuée même en rémission
Quelle association ?
Un signal IRM dans la moitié des cas
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024