L’étude de James R. O’Dell et al. (1) présentée au Congrès ACR 2 015 précise l’utilisation en pratique clinique du méthotrexate dans la polyarthrite rhumatoïde (PR) aux Etats-Unis
L’étude a utilisé les données de Symphony Health Solutions portant sur 274 millions de patients aux États-Unis pour identifier les patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (PR) ayant initié un traitement par méthotrexate (MTX) per os en 2009 et qui ont été suivis jusqu’en 2 014. Ont été recueillis : les caractéristiques démographiques, les changements de traitements (MTX per os [MTX/PO], MTX sous-cutané [MTX/SC], puis éventuellement ajout -ou switch- pour une biothérapie), ainsi que les posologies de MTX (PO ou SC) à ces différents moments et en fin de suivi.
L’étude a inclus 35 640 patients : 43,8 % (n = 15 599) ont été traités par MTX PO seul jusqu’à la fin du suivi,
49,2% (n = 17 528) ont ajouté (ou switché pour) un traitement biologique après un délai moyen de 170 jours de MTX PO à une dose moyenne de 15 mg/semaine (41,5 % l’ont ajouté dans les 90 jours suivant le début du traitement par MTX per os) ; seuls 7 % des patients ont switché le MTX PO pour le MTX SC après une médiane de 534 jours de traitement PO (14,0 % l’ont fait dans les 90 premiers jours de traitement par MTX PO).
Parmi les patients qui sont passés du MTX/PO au MTX/SC, 71 % ont conservé ce traitement environ 3 ans ; 28 % ont eu en plus une biothérapie après en moyenne 289 jours. Le délai moyen de progression vers une biothérapie était significativement plus long sous MTX/SC (823 jours : temps PO + temps SC) que
sous MTX/PO (170 jours) (p inférieur à 0,0001).
Les auteurs concluent qu’aux États-Unis, le MTX est souvent sous-dosé, prescrit pendant une
durée insuffisante, et rarement proposé en SC avant d’initier un traitement biologique.
Commentaire du Pr Cécile Gaujoux-Viala
Cette étude montre qu’aux États-Unis, plus de 40 % des patients atteints de PR débutant un traitement avec le MTX/PO ont recours à une biothérapie dans les 90 jours après une dose moyenne de MTX de seulement 15 mg/semaine. Le MTX est clairement utilisé de manière suboptimale. Les recommandations françaises sur la prise en charge de la PR (2) préconisent l’introduction du MTX à 15 mg/semaine avec augmentation rapide de la posologie si nécessaire pour atteindre une posologie optimale de 0,3 mg/kg/semaine à 3 mois au plus tard. En cas d’insuffisance de réponse, il faut alors passer à la voie SC qui permet de gagner environ 30 % de biodisponibilité. Le changement du MTX/PO pour le MTX/SC évite ou retarde considérablement le recours à une biothérapie.
L’optimisation du MTX est un élément indispensable de la prise en charge de la PR permettant un meilleur contrôle de la maladie et évitant dans un certain nombre de cas, le recours à un traitement biologique (source d’économies significatives).
(1) O’Dell JR et al. Arthritis Rheumatol 2015;67(suppl10)
(2) Gaujoux-Viala C et al Joint Bone Spine 2014;81:287-97
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