La définition opérationnelle de la sarcopénie reste l’objet de débats. Plusieurs critères de masse ou de fonction musculaire lui ont été associés par divers groupes de travail (European Working Group on Sarcopenia in Older People [EWGSOP], the International Working Group on Sarcopenia [IWG], and the Foundation for the National Institutes of Health Sarcopenia Project [FNIH]).
Dans une cohorte homogène de 767 retraités genevois (Geneva Retirees Cohort [GERICO]) âgés de 68 (± 1,5) ans (1), la faible masse musculaire est présente chez 3,8 à 16 % des sujets en fonction du seuil proposé, la diminution de force de préhension chez 0,7 à 3,9 %, l’association de critères tels que diminution de force et de masse musculaire, ou diminution de masse musculaire et marche lente varie de 0,3 à 1,6 %. La sarcopénie paraît donc faiblement prévalente à cet âge mais avec une fiabilité faible des critères de définition, soulignant l’importance de travaux sur des critères plus robustes : chutes, fractures, activités quotidiennes, qualité de vie...
Masse maigre et vitesse de marche
Une combinaison de paramètres tels que vitesse de marche, force et masse musculaires permet de classifier les sujets âgés entre sarcopéniques et normaux. Une équipe de Hong Kong a comparé différents seuils de vitesse de marche et de masse musculaire périphérique pour prédire la mortalité dans une cohorte de près de 3 000 sujets de plus de 65 ans (2). Un seuil de masse maigre ajustée à l’IMC de 0,512 chez la femme et 0,789 chez l’homme est associé à une surmortalité de 72 % (rapport de risque de mortalité de 1,72 ; IC 95 % 1,28-2,29 ; p‹0,001). Pour la lenteur de la marche, des seuils de 0,7 à 1,0 m/s sont associés à la mortalité. Celle-ci est plus que doublée pour un seuil inférieur à 0,9 m/s (rapport de risque de mortalité de 2,38 ; IC 95 % 1,79-3,20 ; p‹0,001). En combinant ces deux paramètres avec les mêmes seuils, le risque de mortalité est plus que triplé (rapport de risque de mortalité de 3,67 ; IC 95 % 2,42-5,57 ; p‹0,001).
La sarcopénie augmente le risque de chute, les chutes augmentent celui de fracture, mais les données sont peu nombreuses sur la relation entre sarcopénie et risque de fracture (3). 913 sujets de la cohorte GERICO ont été évalués de façon prospective pendant 3,4 ± 0,9 ans. Le risque de fracture clinique a été corrélé aux paramètres de masse musculaire mesurée par densitométrie. Une faible masse maigre totale ou périphérique est associée à un risque plus élevé de fracture pendant le suivi mais cette relation dépend du seuil choisi pour la définition de ce paramètre (voir discussion plus haut). L’intérêt d’évaluer les paramètres musculaires pour améliorer la prédiction du risque de fracture reste donc incertain…
Bonne nouvelle, l’exercice physique pourrait prévenir la sarcopénie des femmes âgées ! Dans une étude
d’observation finlandaise, la pratique de la marche, du vélo, du ski, de la natation, est associée à une diminution de divers paramètres participant à la définition de la sarcopénie et à une diminution de la masse grasse (4). Le vélo semble être l’activité la plus efficace pour prévenir la sarcopénie chez ces femmes de 65-72 ans.
(1) Trombetti A et al. Abstract MO0402
(2) Cheung CL et al. Abstract 1112
(3) Trombetti A et al. Abstract 1115
(4) Sjöblom S et al. Abstract SA0395
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