Odén et al (1) ont voulu quantifier dans le monde le nombre de personnes de 50 ans ou plus à risque élevé de fracture ostéoporotique entre 2010 et 2040. Pour les hommes et les femmes, un risque élevé de fracture a été défini en utilisant, en fonction de l’âge, le seuil du FRAX pour les fractures ostéoporotiques majeures des femmes ayant un antécédent de fracture par fragilité, sans facteur de risque d’ostéoporose et avec un indice de masse corporelle de 24 kg/m². En 2010, ce haut risque de fracture concerne 3,1 % des hommes et 18,2 % des femmes, soit 21 millions d’hommes et 137 millions de femmes. La distribution est inégale à travers le monde : en Asie, ce risque concerne 55 % de la population (17 % en Europe). A l’horizon 2 040 la population à haut risque de fracture pourrait doubler avec une augmentation dans toutes les régions du globe, particulièrement en Afrique et Amérique Latine. Ces données peuvent aider à identifier les populations cibles pour des interventions de prévention.
L’absence de prise en compte du risque de chute dans certains outils (par exemple FRAX) est-elle un inconvénient pour la précision de l’évaluation du risque de fracture ? Chez 1 836 hommes âgés de la branche suédoise de la cohorte MrOS, ont été pris en compte : les antécédents de chutes, les facteurs de risque cliniques, la DMO du col du fémur et les probabilités calculées par le FRAX (2). Des fractures ostéoporotiques majeures ont été constatées chez 187 hommes pendant un suivi moyen de 5,5 ans. La relation entre les antécédents de chutes et le score de FRAX sur le risque de nouvelles fractures a été déterminée. Alors que l’impact des antécédents de chute sur le risque de fracture s’atténue avec le temps, la relation avec le FRAX persiste dans le temps Bien que des antécédents de chutes soit prédictifs des fractures incidentes,
l’ampleur de ce risque diminue avec le temps, ce qui suggère que l’inclusion de l’histoire des chutes dans les algorithmes de calcul du risque de fracture à long terme serait finalement d’une utilité limitée.
Le risque de fracture dans les deux ans
Un nouveau concept émerge à partir de données présentées par 2 équipes : le risque imminent de fracture.
Le FRAX indique la probabilité de fracture dans les 10 ans. Il serait utile de pouvoir prédire le risque dans l’année ou les 2 ans. Un premier travail a évalué les facteurs de risque associés à l’imminence d’une première fracture ou d’une récidive (3). Il s’agit d’une évaluation rétrospective des données de la base MEDICARE (1 324 571 patients avec un diagnostic d’ostéoporose) concernant 163 186 patients de plus de 50 ans remplissant les critères d’inclusion dont 19,7 % un antécédent de fracture (de plus de 2 ans) ; les auteurs ont
identifié les facteurs de risque présents 12 à 24 mois avant la fracture. Les facteurs les plus fortement associés à une première fracture imminente étaient principalement liées aux chutes : antécédents de chutes, utilisation d’un fauteuil roulant, prise de psychotropes (stupéfiants, ISRS, myorelaxants), mobilité réduite et âge (chaque décennie après 50 ans). Chez les patients ayant déjà eu une fracture, le risque de nouvelle fracture était associé au site vertébral de la première fracture, au mauvais état de santé (reflété par l’index de comorbidité de Charlson), à la prise d’antidépresseurs et à l’âge. Il est intéressant de constater que ces facteurs de risque sont sensiblement différents de ceux de l’outil FRAX pour une évaluation à plus long terme.
Le second travail insiste sur le risque imminent de récidive après une première fracture (4). Dans la cohorte de Reykjavik, 18 872 sujets (52 % de femmes) ont été suivis depuis leur inclusion (de 1967 à 1991) jusqu’à fin 2012 : 5 039 ont eu au moins une fracture ostéoporotique majeure et 1 310 en ont eu une seconde. Les facteurs de risque de seconde fracture étaient : l’âge (+4-5 % par année), le sexe féminin (+25 %). Le risque était majeur dans l’année suivant la première fracture (HR de 2,9 [IC 95 % 2,5-3,3]). Des stratégies d’intervention précoces après une fracture par fragilité doivent donc être encouragées.
(1) Odén A et al. Abstract 1068
(2) Johansson H et al. #MO0288
(3) Bonafede M et al. #1 066
(4) Johansson H et al. #LB-SA0032
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