Pseudopolyarthrite rhizomélique

Le tocilizumab, un épargnant de corticoïdes

Publié le 07/12/2015
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La pseudopolyarthrite rhizomélique (PPR), rhumatisme inflammatoire du sujet âgé, se traite par corticoïdes pendant 1 à 2 ans. Il n’existe pas d’alternative thérapeutique, à part peut-être le méthotrexate qui permet de diminuer modestement la dose de corticoïdes, avec des résultats un peu contradictoires selon les études. Or, la PPR est une maladie fortement dépendante de l’IL-6 et du taux de CRP. Et il existe actuellement des traitements ciblant particulièrement l’IL6, le tocilizumab par exemple. L’objectif de l’étude TENOR (1) était

d’évaluer les effets et la tolérance de ce médicament comme traitement de première intention dans la PPR.

Vingt patients présentant une PPR récente et n’ayant jamais été traités par corticoïdes ont été inclus

dans l’étude. Ils ont tous reçu trois perfusions de tocilizumab à 1 mois d’intervalle à la dose de 8 mg/kg, sans corticothérapie associée jusqu’à la douzième semaine (S12), puis des corticoïdes oraux de S12 à S24. À 12 semaines, ils ont été évalués avec le DAS-PPR, critère d’activité composite. L’objectif primaire était que tous les patients aient un DAS-PPR ‹ 10 à la douzième semaine. À S12, il était prévu que les patients ayant un DAS-PPR ‹ 10 reçoivent des corticoïdes à faible dose (0,15 mg/kg), les autres recevant une dose classique de corticoïdes (0,3 mg/kg).

Une économie de corticoïdes de 70 %

L’ensemble des patients inclus ont répondu à l’objectif primaire ; ils ont tous constaté une diminution notable de leurs symptômes et le DAS-PPR a été ‹ 10 à S12 pour tous. Ils ont donc été traités par corticothérapie à faible dose. Aucun patient n’a eu de poussée de la maladie durant la seconde phase de l’étude. Une étude d’extension a été réalisée par la suite pour suivre les patients jusqu’à l’arrêt total de la corticothérapie. La tolérance du tocilizumab a été bonne ; une neutropénie a été relevée chez 3 patients, nécessitant une diminution des doses de tocilizumab.

«En comparant la dose de corticoïdes réellement administrée aux patients de TENOR et la dose théorique qu’ils auraient reçue s’ils n’avaient pas bénéficié du tocilizumab, souligne le Pr Valérie Devauchelle, on relève une économie de corticothérapie de 70 %».

Une étude monocentrique ouverte incluant 9 patients a également été présentée à l’ACR et va

dans le même sens. Elle évaluait l’efficacité du tocilizumab administré tous les mois pendant 12 mois et associé aux corticoïdes pendant les six premiers mois. Tous les patients étaient en rémission au bout de 12 mois. Quelques cas de neutropénie ont également été notés.

D’après un entretien avec le Pr Valérie Devauchelle-Pensec, CHRU de Brest

(1) Devauchelle V et al. Arthritis Rheumatol. 2015;67(suppl 10)

(2) Lindsay L et al. Arthritis Rheumatol. 2015;67(suppl 10)

Dr Brigitte Martin

Source : Congrès spécialiste