Les injections intra-articulaires de corticoïdes à visée antalgique sont très utilisées dans la gonarthrose, mais leur impact à long terme reste un sujet de préoccupation. Cela explique l’intérêt porté à une étude présentée à l’ACR, évaluant les éventuelles modifications de l’évolution de la gonarthrose liées à l’utilisation de corticoïdes intra-articulaires, en mesurant directement les effets sur le cartilage, sur l’os sous-chondral et sur l’état clinique général.
Dans cette étude 140 sujets ont été randomisés vers un bras injection intra-articulaire trimestrielle de 40 mg de triamcinolone ou un bras injection d’une solution saline comme placebo. L’étude a été menée en double aveugle avec des seringues pré-remplies masquées. Le suivi a été de 2 ans et 118 patients ont terminé l’étude, 59 (84 %) dans chaque bras.
Le critère principal d’évaluation était le score algique WOMAC sur le plan clinique et la diminution du volume cartilagineux appréciée par l’index de dommage au cartilage sur le plan structurel.
Aucune différence significative n’a été observée entre les deux bras en termes d’évaluation clinique à aucune des visites trimestrielles de la période de suivi, ni pour le critère principal ni pour les critères
secondaires (évaluation par échelle visuelle analogique, fonction WOMAC, temps de marche, lever-assis sur 30 secondes).
Pas de détérioration ostéo-articulaire
Sur le plan structurel, les investigateurs ont rapporté une diminution annuelle significativement plus importante du volume (critère principal) et de l’épaisseur (critère secondaire) du cartilage dans le bras triamcinolone, mais l’impact clinique de ces modifications qui ne représentent qu’une diminution d’environ 1 % par rapport aux valeurs initiales paraît très discutable. Le versant positif est qu’il n’y aucun signal de progression accélérée de la détérioration ostéo-articulaire.
Les injections de corticoïdes ont été bien tolérées puisque plus de participants se sont plaints d’effets secondaires de toute nature et sévères dans le bras solution saline que dans le bras actif. Aucun cas d’ostéonécrose n’a été observé.
Au total, si les corticoïdes en intra-articulaire calment indiscutablement les douleurs à court terme, à long terme ils sont bien supportés mais n’engendrent pas de bénéfice clinique et sont relativement neutres (ni effet bénéfique, ni effet délétère) sur le plan structurel.
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